Depuis sa démission forcée en 2019, l’ancien président n’a pas quitté la résidence de Zéralda où il reçoit de rares visites. À ses hôtes, il confie ses inquiétudes sur le sort de son frère, Saïd Bouteflika, à qui la justice vient de rejeter la demande de remise en liberté provisoire.
Saïd Bouteflika restera en prison. Mardi 20 avril, la chambre d’accusation de la Cour d’Alger a rejeté la demande de remise en liberté provisoire introduite par les avocats de l’ancien conseiller à la présidence. Le frère cadet du président a été interrogé le 12 avril par un juge d’instruction dans le cadre du financement de la campagne électorale pour la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat.
Poursuivi pour « blanchiment d’argent, financement occulte de parti politique et bénéfices de produits dérivant d’activités criminelles », Saïd Bouteflika a nié toute implication dans la campagne électorale de son frère aîné. Peu de temps après cette audition, ses avocats ont déposé une demande auprès du juge d’instruction pour permettre à leur client de quitter la prison en attendant son jugement. Sans succès. La justice maintient l’ex-puissant conseiller en détention préventive.
En détention depuis le 7 mai 2019, à la prison militaire de Blida où il a purgé dix-neuf mois de détention, il a été acquitté par le tribunal militaire de l’accusation de « complot contre l’autorité de l’Etat et de l’armée » à l’issue du procès le 2 janvier 2021. Quatre jours avant, le 29 décembre, un juge civil décide de le placer sous mandat de dépôt dans le cadre de l’affaire du financement de la campagne de son frère. Pour ses avocats, cette décision constitue un vice de procédure, leur client étant encore sous juridiction militaire, et vise à maintenir en détention Saïd Bouteflika.
Dans la cellule de Rafik Khalifa
La prison d’El Harrach a acquis une notoriété internationale pour avoir abrité derrière ses hauts murs une bonne trentaine de personnalités importantes de l’ancien régime. Saïd Bouteflika y occupe l’ancienne cellule de Rafik Khalifa après son extradition de Grande-Bretagne en décembre 2013. Ironie du sort, Abdelaziz Bouteflika est à l’origine de la chute du groupe Khalifa en 2003 et a pesé de tout son poids pour que cet ancien milliardaire, qui avait trouvé refuge à Londres, soit extradé pour être jugé en Algérie.
A EL HARRACH, SAÏD BOUTEFLIKA OCCUPE L’ANCIENNE CELLULE DE RAFIK KHALIFA…
Autre ironie du sort, à l’époque où Rafik Khalifa roulait sur l’or, il s’était montré d’une grande générosité à l’égard de la famille présidentielle à qui il avait acheté un appartement de luxe dans le très chic quartier du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris. Abdelghani Bouteflika, décédé en mars dernier, était l’avocat du groupe Khalifa. Last but not least, la compagnie aérienne Khalifa Airways qui appartenait à Rafik Khalifa avait ouvert une ligne Alger-Dubaï pour satisfaire Saïd Bouteflika, qui en avait émis le souhait.
Harrach, la déchéance d’un golden boy algérien
Transféré à la prison de Chlef, à 200 kilomètres au sud d’Alger, après son jugement définitif à dix-huit ans de prison, Rafik laisse donc à Saïd une cellule individuelle plutôt confortable avec un lit et un téléviseur. Mais comme les autres détenus d’El Harrach, le frère de Bouteflika n’a pas droit à la presse et le couffin familial est suspendu en raison des restrictions sanitaires liées à la pandémie.
DANS LA COUR OÙ IL FAIT SA PROMENADE, SAÏD PEUT CROISER D’ANCIENS MINISTRES
Détenu dans un pavillon spécial pour des raisons de sécurité, Saïd ne souhaite pas se mélanger avec les autres prisonniers VIP qui sont encore à El Harrach. Après avoir accueilli les deux Premiers ministres Sellal et Ouyahia, une bonne quinzaine de ministres et autant d’hommes d’affaires, cette prison a été progressivement vidée de ses célèbres locataires qui ont été répartis dans plusieurs pénitenciers du pays.
« Dans la cour où il fait sa promenade quotidienne, Saïd peut croiser deux ou trois anciens ministres, confie un de ses conseils. Il garde un bon moral mais ne comprend toujours pas pourquoi il est en prison. » L’avocat dit ne pas comprendre l’incarcération de son client, d’autant moins que selon eux la justice n’a pas trouvé la trace d’un enrichissement personnel de l’ancien conseiller. « Ils ont effectué des investigations sans rien trouver sur ses supposés biens et sa supposée fortune », lâche son avocat Hadjouti Salim qui continue à lui rendre régulièrement visite.
Bouteflika à Zéralda
Outre ses avocats, le frère du président déchu reçoit sa famille au parloir et demande souvent des nouvelles de son frère aîné. Depuis sa démission forcée au soir du 2 avril 2019, Abdelaziz Bouteflika n’a jamais quitté la résidence de Zéralda où il s’est installé à l’été 2013, après son AVC qui l’a cloué à un fauteuil roulant. L’ancien président continue de recevoir des visites, notamment les avocats de son frère, et s’informe de l’actualité. A ses visiteurs, il fait part de ses inquiétudes sur le sort de ce frère qu’il a élevé comme son propre fils.
L’été 2019, l’ancien président avait tenté via des intermédiaires d’entrer en contact avec Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’armée (décédé en décembre 2019), mais ce dernier avait décidé de fermer toutes les écoutilles. Patron incontesté de l’institution militaire et homme fort du pouvoir après le départ de Bouteflika, Gaïd Salah était à l’origine des enquêtes pour corruption qui ont envoyé en prison hauts responsables et oligarques affiliés à l’ancien clan présidentiel.
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