Le procès de l’ancien vice-président angolais Manuel Vicente, accusé de corruption, s'est ouvert lundi à Lisbonne, sur fond de tensions diplomatiques entre les deux pays.
Le procès pour corruption de l’ancien vice-président angolais Manuel Vicente s’est ouvert ce lundi 22 janvier, en l’absence de ce dernier. Manuel Vicente est accusé par le ministère public portugais d’avoir versé 763 000 euros au procureur Orlando Figueira, pour qu’il referme deux enquêtes ouvertes en 2011, dans lesquelles il était soupçonné de blanchiment d’argent lorsqu’il dirigeait la compagnie pétrolière nationale Sonangol.
Face au refus de l’Angola de faire suivre les commissions rogatoires lui signifiant son inculpation, la justice portugaise a ordonné « la séparation de la procédure ». Cette décision pourrait entraîner le transfert du dossier vers Luanda, où Manuel Vicente dispose d’une immunité, ayant été vice-président de 2012 à 2017.
La justice portugaise avait jusqu’alors refusé de transférer l’affaire, arguant que « les autorités angolaises ne donneraient pas suite à la procédure ou, du moins, ne donnent pas de garanties qu’elles le feraient ». Cette décision a néanmoins fait l’objet d’un recours devant la cours d’appel de Lisbonne.
Nous considérons cela comme une offense et nous n’accepterons pas d’être traités ainsi
Tensions entre les deux pays
« Nous considérons cela comme une offense et nous n’accepterons pas d’être traités ainsi », avait dénoncé le président angolais João Lourenço, lors d’une conférence de presse le 8 janvier. « Pour que les relations entre l’Angola et le Portugal reviennent au niveau d’un passé récent, nous voulons un geste : remettre la procédure à l’Angola », avait-il ajouté.
Cette affaire pèse depuis sur les relations diplomatiques entre les deux pays, pourtant très liés sur le plan économique. Ainsi, lors de son discours d’investiture en septembre 2017, João Lourenço n’avait pas cité le Portugal comme un « partenaire stratégique » de l’Angola.
Selon Alex Vines, du think tank britannique Chatham House, cette sensibilité reflète « surtout une question de souveraineté et une volonté de ne pas voir trop de linge sale angolais s’étaler dans les médias et dans les salles d’audience portugaises ».
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