Près de 18 mois après l'attentat raté contre un TGV Thalys, en août 2015, le Marocain de 27 ans a reconnu mercredi pour la première fois son implication dans l'attaque jihadiste, tout en réfutant avoir voulu commettre un "massacre de masse".
Entendu pendant plus de cinq heures par un juge d’instruction antiterroriste, Ayoub El Khazzani est revenu sur son parcours jusqu’à cette journée du 21 août 2015, lorsque, muni d’une kalachnikov et de neuf chargeurs pleins, il a ouvert le feu dans un Thalys Amsterdam-Paris. Rapidement maîtrisé par des militaires américains en vacances qui ont ainsi mis en échec un potentiel carnage, il avait grièvement blessé un passager.
Après les dénégations puis le silence, Ayoub El Khazzani entendait « revenir » sur ses premières déclarations en garde à vue, a justifié l’avocate, Sarah Mauger-Poliak à l’issue de l’audition, mercredi 14 décembre.
Il n’était pas là pour faire un massacre de masse et tuer n’importe qui
« Maintenant il assume, il prend ses responsabilités. Il explique que c’est en tant que jihadiste qu’il est monté dans ce Thalys (…) mais ce qu’il comptait faire savoir, c’est qu’il n’était pas là pour faire un massacre de masse et tuer n’importe qui (…) Pas du tout », a-t-elle déclaré à la presse. Selon son avocate, Ayoub El Khazzani avait « une cible précise, déterminée ». « Ce n’est pas un hasard s’il est monté en première classe », a-t-elle ajouté sans en dire plus.
À l’époque, Ayoub El Khazzani, qui a été mis en examen pour « tentatives d’assassinats à caractère terroriste », avait livré une version rocambolesque, expliquant avoir voulu rançonner les voyageurs du Thalys, avec des armes trouvées par hasard dans un parc de Bruxelles où il dormait avec des SDF. Convoqué depuis devant le juge, il gardait le silence.
Ses liens avec le commanditaire des attentats de Paris
Dans son nouveau récit, Ayoub El Khazzani affirme ne pas avoir « agi seul ». « Il a retracé dans les grandes lignes son parcours de la Syrie, Turquie jusqu’en Europe. Avec (Abdelhamid) Abaaoud », soupçonné d’avoir orchestré les attentats de Paris du 13 novembre, a expliqué Me Sarah Mauger-Poliak.
El Khazzani « se définit comme un jihadiste, il le revendique, pas avec fierté », a affirmé son avocate, décrivant l’émotion et les larmes de son client au cours de l’audition. « Il a une position très compliquée et encore assez ambivalente ».
Les liens entre le tireur présumé Abdelhamid Abaaoud, déjà mis en lumière par les enquêteurs français ont été précisés il y a quelques semaines par les services antiterroristes hongrois (TEK). Dans une note dont a eu connaissance l’AFP, le TEK révèle qu’Abdelhamid Abaaoud, de retour de Syrie, et El Khazzani sont arrivés à Budapest le 1er août 2015 en se mêlant aux migrants et ont séjourné dans le même hôtel. Le 4 août, Abdelhamid Abaaoud est parti pour l’Autriche en voiture et le lendemain, El Khazzani a pris la même direction, mais en train, indique la note.
Signalé pour islamisme radical
El Khazzani était déjà signalé pour islamisme radical par les services de renseignements d’Espagne, où il a vécu plusieurs années. Il avait ensuite séjourné à Molenbeek-Saint-Jean, la commune bruxelloise d’où sont originaires plusieurs protagonistes de la cellule responsable des attentats du 13 novembre à Paris qui ont fait 130 morts, et de Bruxelles le 22 mars 2016 qui ont tué 32 personnes, revendiqués par le groupe terroriste État islamique (EI).
Le juge doit le réentendre le 20 décembre.
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Anonyme
En Décembre, 2016 (13:48 PM)Participer à la Discussion