C’est ce vendredi 29 mai que Muhammadu Buhari doit être investi président du Nigeria. L’une de ses priorités va être la lutte contre Boko Haram. Une urgence aussi pour les pays voisins du Nigeria, qui accueillent des dizaines de milliers de réfugiés et qui ont été frappés par des attaques des combattants islamistes.
Certes, l'armée nigériane a infligé une série de revers à Boko Haram. Les insurgés ont été chassés de plusieurs localités et ont été contraints d'abandonner de nombreux camps dans leur repaire de la forêt de Sambisa. L'entrée en lice du Tchad et du Niger a également permis de réduire les mouvements des combattants islamistes. Néanmoins, ceux-ci conservent un important arsenal de guerre et leur capacité de nuisance, comme en témoignent les récentes attaques des insurgés dans plusieurs Etats du Nigeria.
Selon le décompte du très sérieux centre de recherches américain Council on Foreign Relations, 73 civils ont ainsi été tués du 16 et 21 mai lors de cinq attaques de Boko Haram, dont deux opérations kamikazes. Deux d’entre elles ont été menées dans l’Adamawa. L’armée nigériane assurait pourtant le mois dernier avoir sécurisé cet Etat situé au sud du Borno.
Muhammadu Buhari hérite donc d’un groupe qui a conservé son pouvoir de nuisance. Le nouveau président nigérian, un ancien général, devra renforcer les capacités d’une armée nigériane sous-équipée et démoralisée, alors que des douzaines de soldats comparaissent devant des tribunaux militaires pour mutinerie. Buhari devra accélérer l’acheminement de matériel militaire vers le Nord et sans doute remanier en profondeur l’état-major de l’armée, ne serait-ce que pour mettre un terme au détournement de fonds. Des enquêtes sur les violations des droits de l’homme attribués aux soldats nigérians pourraient aussi convaincre ses partenaires occidentaux d’accroître leur coopération, au niveau du partage de renseignements et des actions de formation.
Buhari mieux que Jonathan ?
Les voisins du Nigeria mobilisés dans la lutte contre Boko Haram ne semblent en tout cas pas mécontents de voir Buhari remplacer Jonathan. Ce dernier a été selon eux un mauvais partenaire dans cette guerre contre Boko Haram. Le président Issoufou a eu plus d’échanges au téléphone avec Buhari en huit semaines qu’avec Jonathan en cinq ans, a confié à RFI une source bien informée à Niamey. Le président nigérien a même rencontré Buhari la semaine dernière.
Pour Niamey, la priorité est claire : les soldats nigérians doivent honorer leurs engagements, c'est-à-dire prendre le relais et occuper Damasak et Malam Fatori, deux bourgades nigérianes libérées par les contingents tchadiens et nigériens il y a deux mois. « Jonathan n’a même pas fait le minimum contre Boko Haram », ajoute notre source. Au cours d’un entretien accordé à Jeune Afrique, le président tchadien Idriss Deby avait dressé peu ou prou le même constat.
Quant au Cameroun, bien que le président camerounais et Muhammadu Buhari n’aient pas d’atomes crochus, Yaoundé espère que l’ancien général saura remettre sur pied l’armée nigériane. Les voisins du géant africain attendent aussi une meilleure coopération de la part des contingents nigérians. Les soldats nigérians et camerounais ont noué des contacts personnels et échangent d’un point de vue strictement tactique, par SMS ou sur les réseaux sociaux, mais il n’y a pas de canal formel, ni d’échanges sur les questions stratégiques.
2 Commentaires
Aziz
En Mai, 2015 (16:42 PM)Anonyme
En Juin, 2015 (14:38 PM)Participer à la Discussion