Plusieurs centaines de personnes ont manifesté ce mardi à Ouagadougou pour réclamer que justice soit rendue dans l'affaire du meurtre du journaliste d'investigation Norbert Zongo, survenu en 1998 sous le régime du président déchu Blaise Compaoré.
Les manifestants qui brandissaient des banderoles ou des pancartes où l’on pouvait notamment lire « Vérité et justice pour Norbert Zongo ! » ou « À bas les assassins et les commanditaires » ont effectué une longue marche à travers les artères de Ouagadougou mardi 13 décembre, pour exiger que la lumière soit faite sur l’assassinat du journaliste d’investigation burkinabè.
Directeur de publication de l’hebdomadaire L’indépendant, Norbert Zongo et trois de ses compagnons ont été retrouvés morts carbonisés dans leur véhicule le 13 décembre 1998 à 100 km près de Sapouy, dans le sud du Burkina. Quelques mois après, une commission d’enquête indépendante (CEI) instaurée sous la pression populaire avait conclu que le journaliste avait été tué dans le cadre de l’exercice de ses fonctions.
« Exiger l’instruction sérieuse du dossier »
Auteur de plusieurs enquêtes retentissantes mettant à nu la mauvaise gouvernance sous le régime du président Compaoré, Norbert Zongo enquêtait au moment de son assassinat sur la mort de David Ouédraogo, chauffeur de François Compaoré, frère cadet et conseiller économique du président Compaoré surnommé « le petit président ».
À l’origine de la manifestation de ce mardi, le Collectif des organisations de masse et des partis politiques contre l’impunité a dénoncé le silence radio des autorités gouvernementales sur le sujet.
« Le Collectif se donnera les moyens pour mener des actions fortes pour exiger l’instruction sérieuse du dossier Norbert Zongo et ses compagnons […] ainsi que de l’ensemble des dossiers de crimes jusqu’ici impunis », a déclaré son président, Chrysogone Zougmoré lors d’un meeting sur la Place de la nation.
La procédure relancée
Dans un communiqué publié ce mardi, l’organisation de défense des journalistes Reporters sans Frontières (RSF) demande « dix-huit ans après l’assassinat du journaliste Norbert Zongo […] aux autorités burkinabès d’accélérer la procédure judiciaire afin que l’assassinat du journaliste soit élucidé et que justice soit enfin rendue ».
Sous Compaoré, le dossier Zongo s’était enlisé : la justice avait déclaré en 2003 un non-lieu en faveur du seul inculpé. Fin octobre 2014, la justice avait rouvert le dossier après la la chute de Compaoré. Depuis, trois ex-soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ancienne garde prétorienne de Compaoré ont été inculpés par la justice le 15 décembre 2015.
Ils font partie des six suspects sérieux – tous des soldats de l’ex-RSP – identifiés comme étant les personnes présumées impliquées dans l’assassinat du journaliste. Une instruction est en cours, mais la date de leur procès n’a toujours pas été fixée.
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