Le président comorien Azali Assoumani a présidé jeudi le Conseil des ministres, apparaissant pour la première fois depuis l'attaque au couteau dont il a été victime il y a près d'une semaine, selon des images vidéo fournies par le secrétariat général du gouvernement.
Sur ces images, le président Azali est montré vêtu d'un costume, la partie gauche de son front recouverte d'un épais pansement.
On le voit monter dans sa voiture, puis, souriant, saluer un par un ses conseillers et ses ministres, et enfin assis au bout de la table du Conseil et feuilletant ses dossiers. Il ne fait aucune déclaration.
Des journalistes de l'AFP ont vu le convoi présidentiel entrer dans l'enceinte du palais présidentiel, mais la presse s'en est vu refuser l'accès.
M. Azali, 65 ans, n'avait plus été vu depuis le 13 septembre, lorsqu'il avait été, selon la présidence, "légèrement blessé à l'arme blanche" par un jeune militaire, durant les funérailles d'un notable religieux à Salimani-Itsandra, petite commune surplombant Moroni.
Aucune image de lui n'avait circulé depuis.
Les autorités assuraient qu'il allait bien, mais son absence inhabituelle, 48 heures après l'attaque, aux célébrations de Maoulid (l'anniversaire du prophète Mahomet) à Moroni, événement important dans ce petit archipel de l'océan Indien dont la quasi-totalité des 870.000 habitants se réclament de l'islam, avait suscité des questions.
- Touché au cuir chevelu -
L'un de ses conseillers et un diplomate avaient aussi indiqué à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, que le président comorien avait annulé sa participation à l'Assemblée générale de l'ONU, devant commencer le 22 septembre à New York, une réunion qu'il manque rarement.
Le président "a retrouvé toute sa forme, pour preuve il a présidé le Conseil des ministres", a déclaré jeudi à l'issue de la réunion la porte-parole du gouvernement Fatima Ahamada, ajoutant que c'est "sur recommandation de son médecin" qu’il n'avait pas pris part aux festivités de Maoulid.
"Je peux vous assurer qu'il va très bien physiquement et mentalement. C'est son bandage sur la tête qui le gêne (...) esthétiquement", avait indiqué mercredi à l'AFP Msaïdié Houmed, conseiller politique du président Azali, pour expliquer son absence.
Les autorités avaient refusé "au nom du secret médical" de révéler la nature ou l'étendue des blessures du président. Mais le ministre de l'Energie Aboubacar Saïd Anli avait laissé entendre qu'il avait reçu des "points de suture" au "cuir chevelu".
Un témoin de l'attaque souhaitant garder l'anonymat avait confié à l'AFP: "l'assaillant était comme fou, il s'est jeté sur le chef de l'Etat", sur une terrasse de la maison du notable défunt.
"Il l'a d'abord attaqué avec un couteau avant de le rouer de coups", avait-il raconté. "Sans celui qui s'est interposé, je crois fort que le chef de l'Etat ne s'en serait pas sorti" vivant.
- Pas d'autopsie -
Les mobiles de l'attaque restent inconnus. Le lendemain, le procureur de la République de Moroni, Ali Mohamed Djounaid, avait annoncé que l'auteur présumé, jeune militaire de 24 ans arrêté immédiatement, avait été retrouvé mort dans la matinée suivante, avant d'avoir pu être interrogé, dans la pièce où il était détenu seul depuis son arrestation.
Deux enquêtes sont ouvertes, l'une sur l'attaque elle-même, l'autre sur les causes du décès de son auteur, a-t-il indiqué, avant de préciser que le corps de celui-ci avait été immédiatement remis à sa famille, semblant indiquer que le Parquet n'avait pas réclamé d'autopsie.
Conformément au rite islamique, l'auteur a été enterré dès samedi, quelques heures après son décès.
La porte-parole du gouvernement a refusé de commenter les circonstances du décès de l'assaillant, en raison de l'enquête en cours sur le sujet.
Néanmoins, "sa mort met à mal l'enquête" sur l'attaque contre le président, qui doit "déterminer si (celle-ci) n’est pas le résultat d’un complot", a-t-elle constaté.
Ancien chef d'état-major de l'armée, Azali Assoumani a pris le pouvoir en 1999 lors d'un coup d'Etat militaire. Elu en 2002, il avait rendu le pouvoir en 2006, avant de se faire élire à nouveau en 2016, et réélire en 2019 puis en janvier dernier.
Contesté, le scrutin de janvier avait été suivi de deux jours de manifestations meurtrières. Les détracteurs de M. Azali l'accusent d'autoritarisme croissant à la tête de cet archipel de trois îles du canal du Mozambique, où le président de la République cumule les casquettes de chefs de l'Etat et du gouvernement.
Azali Assoumani a assuré entre janvier 2023 et février 2024 la présidence tournante de l'Union africaine (UA), une première pour un petit pays et un Etat insulaire.
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