Six journalistes ivoiriens, dont trois patrons de presse, ont été interpellés et incarcérés dimanche dans un camp de gendarmerie d'Abidjan pour "divulgation de fausses informations" sur la récente mutinerie de soldats.
Vamara Coulibaly, Yacouba Gbané et Franck Bamba Mamadou, respectivement directeurs des quotidiens ivoiriens l’Inter et Soir Info (indépendants), du Temps (opposition) et de Notre Voie (opposition), qui répondaient à une convocation de la gendarmerie, ont été arrêtés dans la foulée.
Ces patrons sont détenus en même temps que leurs collaborateurs Hamadou Ziao (rédacteur en chef de l’Inter), Jean Bédel Gnago (Soir info) et Ferdinand Bailly (Le temps).
« Relativement aux récents mouvements d’humeurs des militaires (…) il nous est donné de constater que certains organes de presse divulguent de fausses informations de nature à inciter les soldats à la révolte », déclare un communiqué du procureur de la République lu à la télévision nationale.
« Ces agissements tombent sous le coup de la loi qui réprime l’incitation des militaires à l’insoumission et à la rébellion, les atteintes à l’autorité de l’État et la publication d’informations fausses se rapportant au secret de la défense et de la sûreté de l’État » poursuit le texte.
Il précise que l’audition des journalistes « interpellés va se poursuivre afin de situer les responsabilités ».
Déstabilisation
Les soldats des Forces spéciales ivoiriennes qui s’étaient mutinés mardi dans leur base d’Adiaké, à 90 km à l’est d’Abidjan, pour réclamer des primes, avaient mis fin à leur mouvement jeudi.
« Nous nous sommes parlé entre soldats. Ils ont compris et regrettent de s’être laissé emporter. Ils ont présenté leurs excuses aux autorités (…) », avait affirmé un haut gradé de l’armée ayant requis l’anonymat.
Climat incertain
Début janvier, la Côte d’Ivoire avait été secouée par une mutinerie d’anciens rebelles intégrés dans l’armée, qui avaient paralysé plusieurs villes pour réclamer le paiement de primes.
En répondant à leurs revendications, via le versement de primes à 8 500 de ces membres de l’ex-rébellion ivoirienne ayant contrôlé le nord du pays entre 2002 et 2011, les autorités avaient provoqué la colère de militaires et gendarmes non concernés par cet accord financier, qui s’étaient à leur tour mutinés. Des affrontements avaient fait quatre morts à Yamoussoukro (centre).
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