
Le vice-président égyptien Mahmoud Mekki a annoncé samedi sa démission, alors que les Égyptiens votaient sur un projet de Constitution controversé en pleine crise politique.
"J'ai réalisé depuis un moment que la nature du travail politique ne convient pas à ma formation professionnelle de juge", a-t-il indiqué dans un communiqué obtenu par l'AFP.
M. Mekki a précisé avoir d'abord présenté sa démission le 7 novembre, mais avoir dû la reporter en raison d'évènements majeurs comme les raids israéliens sur Gaza puis la décision du président Mohamed Morsi de s'accorder par décret des pouvoirs exceptionnels. Ce décret a finalement été retiré mais a provoqué une profonde crise politique en Egypte.
"J'ai considéré aujourd'hui (samedi) que le moment était convenable pour annoncer ma démission en tant que vice-président de la république", a dit M. Mekki dans son communiqué.
Avant d'être nommé vice-président en août, M. Mekki était un magistrat respecté qui a joué un rôle crucial en 2005, transformant la grogne des juges contre l'ingérence de l'exécutif dans les affaires de la justice en mouvement contre le régime de Hosni Moubarak.
M. Mekki était seulement le deuxième vice-président égyptien en 30 ans. Hosni Moubarak, qui était le vice-président d'Anouar al-Sadate au moment de l'assassinat de ce dernier en 1981, n'avait jamais pourvu le poste jusqu'à la révolte de 2011 qui l'a renversé et pendant laquelle il avait nommé son chef des renseignements Omar Souleimane vice-président.
Le projet de Constitution soumis à référendum ne mentionne pas la fonction de vice-président.
Né à Alexandrie en 1954, M. Mekki a étudié à l'académie de police et est un ancien officier du ministère de l'Intérieur, qu'il a quitté pour se diriger vers la magistrature.
Démission du gouverneur de la Banque centrale?
La télévision d'Etat a annoncé la démission, sans en donner la raison, du gouverneur de la Banque centrale, après des rumeurs ces derniers jours sur son possible départ pour des raisons de santé. Le gouvernement a cependant rapidement démenti l'information, toujours selon la télévision d'Etat.
Difficultés économiques
L'Egypte connaît depuis la chute d'Hosni Moubarak en février 2011 de graves difficultés économiques provoquées en particulier par la chute du tourisme et par l'effondrement des investissements étrangers. Les incertitudes politiques ont déjà provoqué l'ajournement d'une demande de prêt de 4,8 milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international (FMI).
Constitution
Pour le camp présidentiel, l'adoption d'une nouvelle Constitution doterait enfin le pays d'un cadre institutionnel stable, qui viendrait clore la transition tumultueuse que vit l'Egypte depuis la chute de Moubarak.
Opposition
L'opposition, composée de mouvements en majorité de gauche et libéraux, estime que le texte ouvre, selon elle, la voie à des interprétations rigoristes de l'islam et offre peu de garanties pour certaines libertés.
Si le projet est approuvé, des élections législatives sont prévues dans les deux mois pour remplacer l'Assemblée dissoute en juin. Mais selon des analystes, l'adoption d'une nouvelle Constitution ne devrait pas mettre fin à la crise, en raison de l'ampleur des divisions.
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