Au Nigeria, les élections présidentielle, législatives et sénatoriales se tiendront finalement le 23 février. Après une annonce surprise du report de ces élections ce 16 février, la Commission électorale (INEC), qui se réorganise pour tenir les délais, devra surmonter de nombreux défis.
Au Nigeria, après l'annonce du report des élections à la semaine, la Commission électorale nationale indépendante (INEC) aura comme premier défi de réussir à mobiliser de nouveau les quelque 84 millions d’électeurs que compte le pays.
L’INEC devra convaincre des citoyens à retourner aux urnes. Or, ces électeurs sont déjà éprouvés et hésitants face à une campagne électorale que beaucoup ont trouvée insipide et sans réel débat de fond.
Le second défi est d’ordre logistique. Face à un parterre de leaders politiques et de journalistes, le président de la Commission électorale a discrètement indiqué que ses agents devront configurer près de 180 000 lecteurs de cartes d’électeur. Ces outils sont indispensables pour la crédibilité de ce scrutin puisqu'ils servent à vérifier la validité des cartes d’électeur.
« Transformer la colère en vote »
Autres détails, et non des moindres : sécuriser les lieux de stockage du matériel électoral, qu’il faut ensuite redistribuer à temps et parfois dans des conditions compliquées. Il s'agira enfin de redéployer les agents électoraux aux quatre coins du pays.
A la suite de l'annonce du report des élections, des organisations de la société civile ont donné une conférence de presse. « Comme nous l’avons demandé aux Nigérians : il ne faut pas apporter la colère dans la rue, explique Yemi Adamolekun, membre du collectif « Enough is Enough » (« trop, c'est trop »). Ils doivent transformer cette colère en vote. Nous plaidons auprès des partis politiques pour qu’ils n’en fassent pas une bataille ou un jeu de blâme, mais qu’ils encouragent les Nigérians à se manifester ».
« Quand il y a des élections, tout le pays est à l’arrêt, poursuit-elle. C’est un énorme coût pour les Nigérians qui ont voyagé jusqu’à chez eux afin de voter, et à qui vous demandez de rester sur place une semaine de plus ou de rentrer travailler et puis de revenir ensuite. Mais nous demandons vraiment aux Nigérians d’exercer leur droit de vote et de le prendre très au sérieux ».
Illustration des « défaillances structurelles » du Nigeria
Pour l'avocat Femi Falana, les raisons invoquées par l'INEC ne justifient pas un report des élections. Le spécialiste des droits de l'Homme rappelle que les lois nigérianes ne prévoient cette possibilité qu'en cas de menace sur la paix, de violence généralisée, de catastrophes naturelles ou autres situations d'urgence.
Kingsley Moghalu est un des 73 candidats à la présidentielle. Au nom du parti des Jeunes progressistes, il estime, lui, que le changement de date des élections illustre les défaillances structurelles du Nigeria. L'ancien vice-gouverneur de la Banque centrale espère que le report permettra de tourner selon lui la page de l'incompétence et l'absence de vision.
Si certaines voix notamment sur les réseaux sociaux vont jusqu'à appeler à la démission du président de l'INEC, Mahmood Yakubu, d'autres lui accordent le bénéfice du doute et appellent au calme. C'est le cas notamment de la majorité des missions d'observation internationales présentes au Nigeria. Huit d'entre elles ont d'ailleurs publié une déclaration commune.
Parmi ces missions, on compte l'Union africaine, la Cédéao et l'Union européenne. Ces huit institutions et organisations invitent la Commission électorale nigériane à s'assurer au respect du nouveau calendrier. Mais également à mieux communiquer auprès du grand public sur l'organisation du scrutin prévu désormais le 23 février prochain.
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