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En Egypte, six militants des droits de l’homme libérés après les critiques de Washington

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En Egypte, six militants des droits de l’homme libérés après les critiques de Washington
Parmi eux figure la journaliste et blogueuse Esraa Abdel-Fattah, figure de la révolution de 2011. Mais pour les analystes, il ne s’agit que d’un geste pour rassurer les partenaires étrangers.
 
L’Egypte a libéré, dimanche 18 juillet, six militants, dont la journaliste et blogueuse Esraa Abdel-Fattah, l’un des symboles de la révolution de 2011, quelques jours après que les Etats-Unis ont fait part de leurs préoccupations concernant les violations des droits humains dans le pays. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdel Fattah Al-Sissi en 2014, les autorités égyptiennes mènent une impitoyable répression contre tous types d’opposition, islamiste comme libérale.
Selon des analystes, la libération de ces militants est une façon de rassurer à l’international, après que les Etats-Unis ont cette semaine mis Le Caire en garde contre le ciblage de militants des droits humains et indiqué que cela serait pris en compte lors de tractations en vue de ventes d’armes entre les deux pays alliés.
Lire aussi le récit : En Egypte, une nouvelle offensive contre la société civile

Dans une décision surprise, le parquet égyptien a ordonné samedi soir la libération d’Esraa Abdel-Fattah, 43 ans, à l’issue de près de 22 mois de détention provisoire sans jugement. En Egypte, selon la loi, les périodes de détention provisoire sans jugement peuvent être prolongées jusqu’à deux ans. L’avocat Khaled Ali a publié sur Facebook une photo de la militante après sa sortie de prison dimanche.

Répression tous azimuts

Connue pour avoir été l’une des fondatrices du « Mouvement du 6 avril » en 2008, à l’origine trois ans plus tard de la mobilisation de millions d’Egyptiens lors de la révolte ayant provoqué la chute de Hosni Moubarak dans le sillage du Printemps arabe, elle avait été arrêtée en octobre 2019 pour « diffusion de fausses nouvelles » et « collaboration avec un groupe terroriste ». Son arrestation avait provoqué de nombreuses critiques.

Opposée aux Frères musulmans à leur arrivée au pouvoir en Egypte en 2012, Esraa Abdel-Fattah avait soutenu les appels à renverser leur régime et les manifestations qui ont conduit au départ du président islamiste Mohamed Morsi. Elle avait aussi été emprisonnée à l’époque de Hosni Moubarak, après la création du « Mouvement du 6 avril » et son appel à une grève des ouvriers dans la ville de Mahalla dans le delta du Nil la même année.

La justice égyptienne a également décidé samedi de libérer le militant Abdel Nasser Ismaïl, leader du Parti de l’Alliance populaire (gauche), arrêté en septembre 2019 pour « participation à un groupe terroriste », selon des avocats des droits humains. Le journaliste et opposant égyptien Gamal El-Gammal, arrêté à son retour de Turquie en février, a également été libéré, tout comme l’avocate et militante des droits humains Mahienour El-Masry, ainsi que les journalistes Moataz Wadnan et Mostafa El-Asar.
« Calmer l’étranger »

Ces libérations « visent à calmer les tensions dans le pays et pourraient avoir un impact positif sur l’image de l’Egypte à l’étranger », estime Mustapha Kamel Al-Sayed, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire. « Mais je doute que ça change la situation car il y a beaucoup de prisonniers politiques » toujours en détention, ajoute-t-il.

Un autre journaliste très connu en Egypte, Abdel Nasser Salam, a d’ailleurs été arrêté après avoir critiqué le président Sissi sur Facebook, ont indiqué dimanche des hauts responsables des services de sécurité sans fournir davantage de détails. Ancien rédacteur en chef du journal Al Ahram, M. Salam avait accusé le président de mettre en danger les intérêts du pays en échouant à résoudre un différend avec l’Ethiopie concernant la construction d’un barrage sur le Nil, et réclamé qu’il « démissionne immédiatement ».

Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Sur le Nil, le barrage de la Renaissance attise la guerre de l’eau
L’Egypte compte plus de 60 000 détenus d’opinion selon des ONG et le pays est régulièrement pointé du doigt concernant les violations des droits humains dans le pays. Mercredi, Washington avait réagi à l’annonce de l’inculpation de l’influent militant égyptien Hossam Bahgat, directeur exécutif de l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR).


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