Un jeune homme gabonais a été tué samedi 20 décembre au cours d’une manifestation interdite. L’opposition au Gabon réclame le départ du président Ali Bongo Ondimba. Des heurts samedi entre les forces de l’ordre et les manifestants semblent attiser encore plus la colère de la rue. Où va le Gabon ?
La foule rassemblée ce samedi 20 décembre dans la mi-journée au carrefour «Rio» en plein centre de Libreville scandait «Ali, dégage! 50 ans, c’est trop long!» L’opposition gabonaise guidée, notamment, par l’ancien président de la Commission de l’Union africaine (UA), Jean Ping, réclamait le départ du président, Ali Bongo.
Malgré l’interdiction de la manifestation par les autorités le vendredi, l’opposition n’a pas reculé. Quelques minutes après le début de la manifestation, des heurts ont éclaté et un étudiant a trouvé la mort. Il s’agit d’un jeune homme de 30 ans, «décédé d’une blessure à la gorge probablement causée par un objet tranchant», à en croire le médecin légiste Liliane Flore Pemba. De son côté, l’opposition gabonaise accuse le pouvoir d’avoir tué plusieurs manifestants. Ainsi, sur le compte Tweeter, Jean Ping a posté dans la fin de la journée de samedi, «3 morts et des centaines de blessés. Manifestation pacifique brutalement réprimée». En effet, vendredi le ministère de l’Intérieur avait annoncé que la manifestation était interdite afin d’éviter d’éventuels «troubles à l’ordre public». Un important dispositif de sécurité était ainsi déployé, avec camions et dizaines de policiers et gendarmes. Un hélicoptère survolait également la manifestation, apporte l’AFP.
A la veille du rassemblement, le chef du bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale (Unoca), Abdoulaye Bathily, s’était dit «vivement préoccupé par le climat ambiant» au Gabon, appelant «au calme et au dialogue» entre gouvernement et opposition.
«50 ans, c’est trop long!»
Le président Ali Bongo Ondimba dirige le pays depuis la mort en 2009 de son père Omar Bongo, au pouvoir depuis 1967. En effet, aujourd’hui et derrière ce mouvement de protestation se trouve un contexte régional mouvementé et un livre. Le contexte est engendré par les événements au Burkina Faso qui ont donné comme fruit le départ de Blaise Compaoré après 27 ans au pouvoir. Le livre est celui écrit par le journaliste français Pierre Péan. Le livre est intitulé «Nouvelles affaires africaines : mensonge et pillage du Gabon». Le journaliste accuse le président gabonais d’avoir falsifié de nombreux documents, de son acte de naissance à ses diplômes. Il est à souligner que l’opposition a déposé en novembre dernier une plainte sur l’état civil du chef de l’État qui a été rejetée récemment par le parquet. Dans les premières pages, Pierre Péan accuse le président Ali Bongo de la mort de l’ancien président du Sénat et ancien proche d’Omar Bongo, Georges Rawiri.
L’écrivain affirme également qu’Ali Bongo Ondimba serait un enfant nigérian adopté pendant la guerre du Biafra à la fin des années 1960, ce qui rendrait illégale son accession à la présidence gabonaise. Les autorités gabonaises ont, au fait, déposé une plainte de diffamation devant la justice française. «C’est absolument incroyable que monsieur Péan ose faire état d’une quelconque accusation de tentative d’assassinat. Il se trouve que ce monsieur, aujourd’hui, est Jean-Pierre Lemboumba et le principal conseiller politique du président actuel. Donc, si vous voulez, cela me paraît sans sens», a déclaré à une radio française Delphine Meillet, avocate du président Ali Bongo. Et d’ajouter : «La Cour constitutionnelle gabonaise a tranché cette question en 2011, elle a statué sur cette question. La famille de monsieur Ali Bongo a témoigné. Il est inadmissible, aujourd’hui, de revenir dessus. La justice gabonaise va être saisie de cette question et des suites judiciaires vont être engagées sur place».
Fitch Ratings : Une «perspective négative»
Par ailleurs, et au moment où le baril de pétrole chute à son plus bas niveau en cinq ans pour atteindre les 60 dollars, pénalisé par une offre surabondante renforcée par la décision de l’OPEP de ne pas changer son plafond de production et au moment où les économies les plus puissantes s’écroulent devant cette baisse historique, la chute du prix du pétrole pourra-t-elle devenir la goutte qui a fait déborder le vase au Gabon ?
Selon un rapport publié dernièrement par l’agence de notation Fitch Ratings, les perspectives économiques du Gabon passent de stables à négatives. La baisse des prix du pétrole sur le marché international a durement impacté les recettes budgétaires du Gabon. Il est important de souligner que le pétrole représente 50% des recettes et 80% des exportations. Fitch Ratings précise qu’«étant donné que ses réserves s’épuisent, le Gabon ne peut pas ajuster sa production pour compenser l’impact des chocs de prix». De la sorte et «afin de préserver sa position budgétaire, le gouvernement a réduit son programme d’investissement…
Le Gabon est significativement affecté par les dépenses en capital, ce qui représente près d’un tiers des dépenses publiques en 2012-2013», précise le même rapport. Car, contrairement à d’autres pays exportateurs de pétrole, le Gabon «n’a pas mis en place un fonds pétrolier substantiel, bien que les dépôts s’élèvent à près de 10% du PIB, en fournissant un coussin à court terme», écrit l’agence. Le budget, quant à lui, sera proche de l’équilibre dans les prochaines années, loin des importants excédents budgétaires des années précédentes. «Ces prévisions sont sensibles au prix du pétrole, à l’évolution de la production et l’exécution de resserrement budgétaire», poursuit l’agence de notation. Aussi l’excédent du compte courant du Gabon devrait-il tomber à 1% en 2015, contre 5% en 2014 et 20% en 2012, réagissant au tableau sombre dressé par l’Agence de notation internationale Fitch Ratings qui attribue au Gabon la note souveraine de BB- et dresse par la même occasion une «perspective négative» pour le pays.
11 Commentaires
Campaorenadiolo
En Décembre, 2014 (04:08 AM)Boko
En Décembre, 2014 (04:49 AM)Surtout qu on ne traque que veux qui St de l autre cote! Qu attend la CREI pour convoquer Aliou Sall?
Mooo
En Décembre, 2014 (05:41 AM)Alcom
En Décembre, 2014 (07:39 AM)Bongo Degage
En Décembre, 2014 (12:40 PM)Pepes
En Décembre, 2014 (13:15 PM)Gaz
En Décembre, 2014 (13:38 PM)Un Africain
En Décembre, 2014 (14:06 PM)votre cas n'est même pas comparable à celui du BOURKINA
attendez au moins les élections présidentielles pour élire un président
Aka
En Décembre, 2014 (14:24 PM)Mounos
En Décembre, 2014 (20:00 PM)Nn
En Décembre, 2014 (11:00 AM)Participer à la Discussion