De nombreux Gambiens, partis à l’étranger pour travailler ou étudier, ont décidé de rentrer au pays après la chute de Yahya Jammeh. Ils tenaient à assister à la mise en place d’un nouveau régime, contribuer à la « Nouvelle Gambie » et à la réforme des institutions. Un choix qu'ils sont peu à regretter, mais qui leur a demandé de sacrifier leur nouvelle vie commencée à l’étranger.
Il y a moins d’un an, le nouveau gouvernement gambien lui a demandé de devenir le secrétaire de la commission Vérité, réconciliation et réparation. Baba Galleh Jallow n’a alors pas longtemps hésité avant d’accepter et de mettre de côté sa vie américaine. Il pense « que l’on doit tous un peu contribuer » et ne pouvait pas « dire non ». Aujourd’hui, il se dit « content » de son choix, même si c’est un « sacrifice difficile », puisque sa famille « est toujours aux Etats-Unis ».
Kebba Marenah, lui, vient tout juste de rentrer en Gambie après plus de 20 ans passés à Londres. Ce chirurgien orthopédiste s’attendait à un meilleur accueil : « J’ai toujours eu l’idée de revenir. Mais il faut accepter de sacrifier son salaire élevé. Les Gambiens ne vous voient pas comme un atout et le gouvernement préfère payer cher des médecins étrangers plutôt qu’un Gambien de retour ». Malgré tout, s’il peut « aider des gens, cela vaut le coup ».
Certains, de retour depuis plusieurs mois, sont plus amers. Demba Kandeh préparait un doctorat à Amsterdam. Mais avec le changement de régime, il a décidé de revenir pour donner des cours à l’université de journalisme. « C’était un peu utopiste, je me disais que c’était la "Nouvelle Gambie", et j’avais beaucoup d’attentes. Aujourd’hui je trouve que cela n’avance pas. J’ai décidé de mettre de côté mes ambitions pour rentrer et aider. Je n’ai pas de regrets, mais un peu de déception. » Demba n’exclut pas de repartir si, à terme, ses espoirs sont toujours déçus.
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