Lors de son sommet tenu en janvier dernier, l’Union africaine avait fait une proposition portant sur la création d’une juridiction spéciale au sein du système judiciaire sénégalais pour juger l’ancien président tchadien. Aujourd’hui et demain, des discussions se tiendront à Addis Abeba et le Sénégal, mis face à ses responsabilités, devra donner une position claire sur la question.
Le Sénégal face à ses responsabilités ce matin à Addis Abeba. Il devrait, selon une déclaration faite aujourd’hui par une coalition d’organisations de défense des droits humains, accepter le projet de l’Union africaine. Un projet relatif au procès de Hissène Habré qui sera à l’ordre du jour des discussions de deux jours ouvertes ce matin entre les deux parties à Addis Abeba. Au mois de janvier dernier, l’Union africaine avait insisté sur ’l’organisation rapide du procès’ - trop longtemps différé - de Hissène Habré, et n’avait pas manqué d’inviter le Sénégal dans la capitale éthiopienne pour discuter de sa proposition.Et c’est ce matin, 23 mars, qu’une délégation sénégalaise conduite par le ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy, doit se prononcer sur la création d’une juridiction spéciale. Cette juridiction devrait être logée au sein du système judiciaire sénégalais dont le président de la Chambre d’assises ainsi que celui de la Chambre d’appel seraient nommés par l’Union africaine.
L’avocat sénégalais, Assane Dioma Ndiaye, président de la Ligue sénégalaise des droits humains tranche net là-dessus : ‘Le Sénégal a deux options : soit il accepte immédiatement la proposition de l’Union africaine et commence enfin les poursuites à l’encontre de Hissène Habré, soit il l’extrade vers la Belgique’. Il déclare toutefois, que ‘ce serait dommage que l’Afrique ne relève pas le défi de ce procès alors que les conditions sont réunies pour que l’Afrique démontre sa capacité à juger ses propres fils selon les règles d’un procès juste et équitable.’
Le Président sénégalais, Abdoulaye Wade, a récemment déclaré qu’il allait ‘renvoyer l’affaire’ à l’Union africaine au ‘mépris’ des obligations internationales du Sénégal. Cette déclaration a été suivie de celle du ministre des Affaires étrangères, Madické Niang, qui a fait savoir que le Sénégal était favorable à la création d’un tribunal international ‘hors du Sénégal’ pour poursuivre Habré.
Et dans une lettre adressée, la semaine dernière, au président du Sénégal, l’Association des victimes des crimes du régime d’Habré, la Ligue sénégalaise des droits humains, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), ‘Agir ensemble pour les droits de l’homme’ et Human rights watch ont rappelé qu’au regard du budget disponible suite à la réunion des bailleurs de fonds qui a levé 11,7 millions de dollars, la création d’un tribunal international n’était pas envisageable et que ‘toute tentative visant à créer un tribunal ad hoc sur le modèle de la Sierra Leone ou à augmenter le personnel international de façon significative sera perçue comme un moyen ‘d’enterrer’ le dossier Habré’.
En visite au Sénégal, vendredi dernier, la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, a lancé un appel pour une action urgente du Sénégal en vue de débuter au plus vite le procès contre l'ancien dirigeant tchadien. Navi Pillay de soutenir que le Sénégal est ‘dans l'obligation de juger ou d'extrader M. Habré’. Elle invitera également les autorités sénégalaises ‘à trouver une solution raisonnable avec l'Union africaine en vue d'aller de l'avant avec le procès le plus rapidement possible’. Avant de souligner que si le Sénégal ne commençait pas rapidement le procès, il devrait ‘extrader Habré vers la Belgique’. Autant d’éléments qui font donc que les conclusions de la rencontre de deux jours qui démarre ce matin à Addis Abeba sont fortement attendues pour donner suite au cas Habré.
L’ancien dirigeant Tchadien est accusé de milliers d'assassinats politiques et de torture systématique alors qu'il dirigeait ce pays entre 1982 et 1990, date à laquelle il s’est enfui au Sénégal. Depuis, il est resté indéboulonnable comme un fromager géant malgré les efforts des associations de victimes et le soutien de la communauté internationale. Le Sénégal a toujours émis des objections à la tenue du procès et refuse en même temps de l’extrader vers la Belgique qui en a fait la demande en 2005.
2 Commentaires
Alito88
En Mars, 2011 (01:50 AM)Alito88
En Mars, 2011 (01:53 AM)Pour qu’enfin qu'il paye les pots cassés !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
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