Après la visite au Mali la semaine dernière du ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, Alger tente-t-il d’occuper à nouveau une position dominante dans la crise malienne ?
La présence des forces étrangères de la Minusma et de Barkhane avait quelque peu changé la donne, mais le grand voisin du Mali envisage clairement de poser les jalons afin de redevenir incontournable sur le dossier malien et même dans le Sahel.
C’est dans ce but que le ministre algérien des Affaires étrangères est arrivé à Bamako avec le nouveau président du Comité de suivi de l’accord de paix d’Alger, un poste traditionnellement occupé par son pays. Le diplomate Boudjemâa Delmi, qui l’occupe désormais, aura une double casquette, et c’est une première. Il est également envoyé spécial de l’Algérie pour le Sahel.
« Nous sommes votre grand voisin »
Le message est clair : Alger veut revenir en force dans le dossier malien. Dans la sous-région, en tout cas, l’Algérie souhaite davantage peser sur le cours des évènements. Depuis l’arrivée dans le nord du Mali notamment des forces onusiennes et la création de la force conjointe du G5 sahel, le Cémoc, une structure militaire et de sécurité sous-régionale créée par Alger, ne fonctionne quasiment plus.
Mais l’Algérie suit aussi de près la transformation de l’opération Barkhane en opération militaire européenne Takuba, avec le départ des troupes françaises de Kidal et de Tessalit, deux localités situées dans une région du nord qui ont une frontière avec l’Algérie.
Au cours de son séjour, Ramtane Lamamra a rencontré plusieurs autorités maliennes et participé à une réunion de la médiation internationale dans la crise malienne avant d’annoncer que son pays pourrait mettre la main à la poche pour accélérer la mise sur pied de l’armée malienne reconstituée, composés d’éléments des troupes régulières et d’ex-rebelles.
Officiellement, il n’a pas évoqué la rupture des relations diplomatiques entre son pays et le Maroc. Mais quand on sait que le Maroc entretien d’excellentes relations avec le Mali, l’actuel président Assimi Goïta s’y est rendu lorsqu’il était numéro deux du régime, le chef de la diplomatie avait peut-être un autre message à faire passer : « Nous sommes votre grand voisin ».
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