TV5 Monde consacre un 26-minutes à son correspondant, emprisonné depuis mars 2020 et devenu le symbole d’un Etat algérien qui écrase les médias.
Khaled Drareni passera mercredi 3 février son 314e jour en détention à la prison d’El-Koléa, à l’ouest d’Alger. Devenu une épine dans le pied du pouvoir algérien, le journaliste a été condamné en appel à deux ans de prison ferme pour « incitation à un attroupement non armé et atteinte à l’intégrité du territoire national » le 15 septembre 2020. La chaîne TV5 Monde, dont il était le correspondant, lui rend hommage dans un documentaire de 26 minutes, diffusé
les 6 février, à 20 heures, et disponible en ligne dès mercredi : Khaled Drareni, journaliste, numéro d’écrou 22 244, réalisé par Guillaume Villadier et Séverine André.
Lorsqu’il est arrêté, le 7 mars 2020, Khaled Drareni couvre une manifestation du Hirak, le soulèvement populaire qui a secoué l’Algérie pendant plus d’un an, jusqu’à sa suspension en raison de la pandémie de nouveau coronavirus. Le journaliste, qui a fait carrière dans l’audiovisuel public puis privé, suit ces marches depuis février 2019, notamment pour la chaîne TV5 Monde. Egalement présent à travers ses directs sur les réseaux sociaux, il est une figure familière des manifestations.
En avril 2019, l’ancien chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika est balayé par le Hirak, mais, au fil des mois, la situation se tend entre le régime, qui veut imposer son agenda pour se maintenir au pouvoir, et la rue, qui réclame une transition politique. Alors que l’espace audiovisuel du pays se ferme à toute opposition, les journalistes et les médias indépendants deviennent gênants.
« Mouchard
Interpellé chez lui à trois reprises et convoqué par la Direction générale de la sécurité intérieure (qui dépend de l’armée), Khaled Drareni se voit intimer l’ordre de mettre fin à ses activités et de s’abstenir de couvrir les manifestations comme les activités de l’opposition politique et associative.
« Pour cet Etat, ce système, un journaliste libre est un criminel. Moi je suis fier d’être un journaliste libre et un criminel. Et je continuerai à faire mon travail de journaliste en toute indépendance », affirme-t-il au sortir d’une énième garde à vue en marge d’une manifestation qu’il couvrait dans la capitale.
Il paiera quelques semaines plus tard son refus de se plier aux injonctions des hommes du général Ouassini Bouazza, alors tout-puissant patron du contre-espionnage. Le régime n’oublie rien. Et il ne pardonne rien à ceux qui ont eu l’irrévérence de lui apporter la contradiction. Dont Khaled Drareni, dans le collimateur depuis des années.
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