En République Centrafricaine, l'organisation Médecins sans frontières (MSF) constate que l'ensemble de la population civile se retrouve piégée dans une violence polarisée, mais se dit particulièrement inquiète pour la minorité musulmane, victime de représailles collectives et qui se retrouve obligée de quitter le pays. Marie-Elisabeth Ingres est la chef de mission de MSF-France en RCA.
Les autorités françaises estiment qu'à Bangui, la situation est à peu près stabilisée. Partagez-vous ce constat ?
Depuis trois jours, la ville semble un peu plus calme. Il y a moins de blessés qui arrivent à l'hôpital, mais il faut rester prudent, car très souvent, les personnes n'osent pas se déplacer pour se faire soigner. On sait également qu'il y a parfois des accalmies de quelques jours qui précèdent de nouvelles vagues de violences. Il faut donc encore attendre pour voir si cette accalmie s'installe sur le long terme.
Les forces internationales sont pour l'essentiel encore concentrées dans la capitale. Quelle est la situation en province ?
Aujourd'hui, la situation empire dans l'ensemble du pays. Dans les villes de l'ouest et du nord-ouest, il y a un déchaînement de violence avec un schéma qui se répète sans cesse. Les ex-Séléka pratiquent la politique de la terre brûlée en remontant vers le Tchad ou en se dirigeant vers leurs fiefs de l'est du pays, ce qui pousse les populations chrétiennes à fuir en brousse. Peu après, les anti-Balaka [milices chrétiennes] arrivent et ciblent essentiellement les membres de la minorité musulmane, ce qui provoque un exode massif vers le Tchad et le Cameroun.
Il y a également dans certaines villes, comme à Yaloké et Boali, des populations qui n'ont pas pu partir assez tôt et qui se retrouvent prises au piège en attendant de voir comment elles pourront être évacuées. A Carnot, la ville a été prise dernièrement par les anti-Balaka et on estime que 500 personnes, essentiellement des membres de la communauté Peul, sont aujourd'hui prises au piège, regroupées dans des églises ou dans des concessions, et dès qu'une personne sort, elle est tuée. Ce matin [vendredi 7 février], huit hommes ont été assassinés, et au moment où je vous parle, tout un groupe d'anti-Balaka menace une soixantaine de déplacés qui sont essentiellement des femmes et des enfants. Aujourd'hui, beaucoup de villes sont en train de se vider de leurs communautés musulmanes.
Les forces internationales, soldats français de l'opération « Sangaris » et africains de la Misca, vous paraissent-elles aujourd'hui en mesure de protéger les populations civiles ?
Il le faut, car ces forces sont présentes à Yaloké ou Boali, et elles doivent empêcher que des populations se fassent tuer mais, indéniablement, les soldats internationaux ne sont pas assez nombreux. Malgré leur bonne volonté et leur mandat de protection des civils, il est clair qu'il faut davantage de soldats. Par exemple, il y a une trentaine d'hommes de la Misca à Carnot. C'est tout à fait insuffisant pour faire face à plus de deux cents anti-Balaka qui menacent des civils de la communauté Peul.
La réponse humanitaire est elle à la hauteur de la crise ?
Il y a des avancées, mais la réponse n'est pas encore à la hauteur de la crise. Les agences des Nations unies n'en font pas encore assez. Aujourd'hui, selon nos estimations, il y a au moins un million de personnes réfugiées en dehors des frontières ou déplacées à l'intérieur du pays. Cela représente environ 20% de la population centrafricaine. La réponse humanitaire dépend de plusieurs facteurs et en ce moment il y en a un qui est important, c'est l'insécurité sur les routes.
Médecins sans frontières s'est par exemple fait « emprunter » des camions ou des voitures par les ex-Séléka ou les anti-Balaka. Même s'il est vrai qu'il faudrait plus d'acteurs et plus de moyens, tous ces incidents limitent la possibilité pour les acteurs humanitaires de se déplacer. Dans certaines villes de l'ouest, nous mettons souvent plusieurs jours pour accéder aux blessés, et par la suite, nous avons les plus grandes difficultés pour les transférer dans les centres de santé, car à plusieurs reprises, les groupes armés nous en empêchent. Il n'y a pas de respect de notre mission médicale.
10 Commentaires
Kk
En Février, 2014 (22:11 PM)Nini Sadji
En Février, 2014 (00:36 AM)Les Chrétiens ont un véritable penchant pour l'alcool et la débauche.
Moi
En Février, 2014 (08:54 AM)Il faut vraiment etre de bas niveau et bete pour ne pas se maitriser et revenir a la raison.
Si Jesus et Mohamet etaient des Africains noirs,PERSONNE en tout cas aucun blanc aucun arabe ne les suivrait. Qui peut me dementir?
Alors freres Africains du Senegal et d'ailleurs a quand le vrai reveil?
A quand?
Warjabi
En Février, 2014 (09:21 AM)Afrique ....
En Février, 2014 (09:49 AM)Pharoah
En Février, 2014 (10:45 AM)Merci Sengane Dieng
En Février, 2014 (10:53 AM)frères et soeur africain arretez de voir avec les yeux de l'occident ya jamais eu de guerre de religieon en afrique ils sont jalou de notre foi, ils convoitent nos richesse chaque jour que l'eternel fait, leurs enfants n'ont plus de repères résultat (pornographi, homosexuelle, inceste, prostitution,. . .toutes ces vices sont légales chez eux).
Constat1
En Février, 2014 (12:10 PM)Az
En Février, 2014 (14:43 PM)Diarasta
En Février, 2014 (15:51 PM)Participer à la Discussion