Au Burundi, le pouvoir est engagé dans une terrible répression depuis le début de la crise qu'il traverse depuis avril 2015, caractérisée par des exécutions extrajudiciaires, tortures, des centaines de disparitions forcées et des milliers de prisonniers politiques. Alors qu'il est de plus en plus accusé d'être en grande partie responsable de ces crimes, le Burundi vient de décider de se retirer de la Cour pénale internationale (CPI).
Cette fois, le pouvoir burundais a senti que l'étau se resserre de plus en plus. Il a donc décidé de réagir en se repliant sur lui-même, comme il le fait depuis le début de la grave crise que traverse ce pays, expliquent des analystes.
Il faut dire que les évènements se sont précipités ces derniers mois. La CPI a ouvert un examen préliminaire en avril de cette année et, il y a quelques jours, le comité des Nations unies contre la torture a sorti un rapport des plus accablants et dans la foulée, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a décidé de créer une commission internationale d'enquête sur les exactions commises au Burundi.
Pour la première fois, c'est le cœur du système au pouvoir au Burundi qui est dans le viseur. Après deux mois d'enquête au Burundi, des experts de l'ONU ont établi une liste de 12 personnalités considérées comme responsables des graves crimes commis en toute impunité à travers le pays, et qui pourraient relever de la CPI.
Parmi eux, le ministre de la Sécurité publique et numéro 2 burundais, le général Alain-Guillaume Bunyoni, le chef d'état-major de l'armée, le très redouté patron des services secrets burundais, ou encore un des chefs de cabinet du président Pierre Nkurunziza.
Une fuite en avant, selon la société civile
Bujumbura dénonce donc un complot international qui veut faire tomber un pouvoir élu. Mais la société civile burundaise en exil, elle, parle d'un pouvoir poussé dans ses derniers retranchements et qui a choisi la fuite en avant.
Une des figures de cette société civile en exil, Me Armel Niyongere, président de l'ACT-Burundi (Association des chrétiens pour l’abolition de la torture au Burundi) a dénoncé une décision d'un pouvoir aux abois, qui a peur des poursuites qui pointent à l'horizon pour « une clique habituée à l'impunité », en rappelant la liste des 12 personnalités, établie par l'ONU, qui pourraient faire l'objet de poursuites pour crimes contre l'humanité. Mais « la machine est déjà en marche », assure-t-il.
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