
Le gouvernement nigérian a fermement nié vendredi les accusations d'un membre du Congrès américain selon lesquelles les chrétiens seraient victimes de persécutions dans le pays le plus peuplé d'Afrique.
Plus tôt dans la semaine, le républicain Chris Smith, membre de la chambre des représentants au Congrès des États-Unis, a plaidé en faveur de la réintégration du Nigeria dans la liste des "pays particulièrement préoccupants" ("Country of Particular Concern", CPC) en termes de liberté religieuse en raison "des violences sans fin contre les chrétiens".
Si le département d'État américain accédait à cette demande, des sanctions contre Abuja pourraient être adoptées par Washington.
Le Nigeria avait intégré la liste des CPC en 2020, lors du premier mandat du président américain Donald Trump, et en avait été retiré l'année suivante sous la présidence de Joe Biden.
Les attaques et l'insécurité au Nigeria "ne sont pas motivées par des préjugés religieux et ne visent aucun groupe religieux en particulier", a déclaré vendredi dans un communiqué un porte-parole du ministère nigérian des Affaires étrangères.
"La majorité des incidents liés à l'insurrection et au banditisme dans la région nord du Nigeria, à majorité musulmane, ne visent pas spécifiquement les adeptes d'une foi ou d'une religion", a précisé le porte-parole, qui a également exprimé sa "profonde inquiétude" face à "une vague de désinformation".
Chris Smith a notamment cité un rapport de l'ONG Open Doors ("Portes Ouvertes") selon lequel "89% des chrétiens martyrisés dans le monde se trouvent dans un seul pays : le Nigeria".
Open Doors est une organisation néerlandaise faisant du prosélytisme chrétien à travers le monde, notamment via la distribution de bibles.
La population du Nigeria se divise entre une moitié musulmane, principalement dans le nord du pays, et une moitié chrétienne, majoritairement dans le sud.
Le pays est en proie depuis 15 ans à une insurrection jihadiste lancée par le groupe islamiste Boko Haram dans le nord-est, qui a fait plus de 40.000 morts et 2 millions de déplacés.
De plus, d'importantes zones du nord-ouest, du nord et du centre du Nigeria sont terrorisées par des gangs criminels appelés "bandits" qui attaquent les villages, tuent et enlèvent les habitants et brûlent les maisons après les avoir pillées, sans motivation religieuse.
Un conflit ancestral oppose aussi régulièrement des éleveurs peuls (fulani) musulmans aux agriculteurs chrétiens pour l'utilisation des ressources en terres et en eau.
"Il existe un conflit entre les éleveurs et les agriculteurs, qui dure depuis longtemps. La plupart des agriculteurs sont chrétiens, la plupart des éleveurs sont musulmans, c'est pourquoi il est très facile pour la droite américaine de l'interpréter de cette façon", a expliqué à l'AFP Isa Sanusi, directrice au Nigeria de l'ONG Amnesty International, "ce qui est très dangereux".
"En donnant l'impression que seules les vies des chrétiens compétents pour eux (les États-Unis), ils vont probablement créer une situation qui générera des tensions religieuses" au Nigeria, a craint M. Sanusi, qui a souligné que "plus de musulmans que de chrétiens" sont tués dans les troubles au Nigeria.
5 Commentaires
Donald
il y a 7 heures (19:42 PM)et notre bled n'a qu'une seule machine/radiothérapie !!
africa bwanabwana...
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