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Afrique

Le rôle des tribus dans la chute de Kadhafi

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Le rôle des tribus dans la chute de Kadhafi
Alors que le régime Kadhafi vit ses derniers soubresauts, nombreux sont ceux qui s’interrogent ou s’inquiètent sur la position que les tribus libyennes vont adopter dans la Libye de l’après-Kadhafi. Véritable épine dorsale du pouvoir dans le pays, clans et tribus demeurent plus que jamais au centre d’un équilibre précaire qui reste à construire.
 
 
 
Dès les premiers jours de l’insurrection en Libye, le 22 février 2011, le fils du colonel Kadhafi, Seif al-Islam agite la menace de divisions claniques dans le pays. En direct à la télévision d’Etat, il rappelle à ses compatriotes, à cette heure dont il perçoit le péril, que « la Libye est une société de clans et de tribus. [Ces divisions] pourraient causer des guerres civiles », avertit-il d’une façon prémonitoire. 
 
Plus fidèle à sa tribu qu’à son pays
  A chaque tournant de la rébellion libyenne, aussi bien les kadhafistes que leurs opposants, ne manqueront jamais de lancer un appel à ce réseau de clans et de tribus qui sangle tout le territoire. On dénombre environ 150 tribus, dont une dizaine se partagent le pouvoir à travers des fonctions clés dans l'armée, l'aministration ou les affaires. Ces ensembles sont divisés en une myriade de clans et de sous-clans aux intérêts et aux alliances mouvants. Tout aussi fluctuante, la composition des tribus qui, pour partie, peut s’allier à un groupe alors que l’autre s’associera à son ennemi.
 
 
Longtemps, faute d’autre référence, le Guide libyen fut leur seul point commun. « Ces tribus sont comme une famille, une valeur refuge face à l’absence d’institutions  », explique Hasni Abidi, le directeur du centre d’études et de recherche sur le monde arabe en Méditerranée. D’ailleurs, pour de nombreux Libyens l’appartenance à un clan vient loin devant le fait d’être citoyen d’un pays.
 
Dès le début du soulèvement, des tribus importantes comme celle d’Al-Warfala (implantée à l’est, où se trouve Benghazi) qui compte près d’un million de membres (sur 6,5 millions d’habitants), engageait la population à rejoindre les anti-kadhafistes. Une autre tribu de poids, les Touaregs, forte de 500 000 personnes a rapidement répondu à cet appel. Et, plus récemment, le ralliement à la rébellion de Abdesselem Jalloud, ex-numéro deux du régime écarté en 1993, pèse doublement du fait qu’il dirige la tribu Makarha, troisième en importance ; elle est concentrée à l’ouest de la Libye et compte parmi les mieux armées du pays.
 
Tentative désespérée
 
 
 
Autre tribu et pièce maîtresse de Mouammar Kadhafi, sa tribu d'origine les Kadhafa, se concentrent dans la région de Sabha, au centre du pays. Elle ne comprend qu’environ 125 000 personnes mais le Guide a veillé à compenser en armement sa relative faiblesse démographique. Il s'est attaché à en faire tout à la fois une organisation de défense, un groupe de milices et des forces de sécurité spéciales que dirigent ses fils et les chefs des Kadhafa. Mais même ce puissant bras armé de l’Etat, a quelques failles : l’un des cousins de Mouammar Kadhafi et néanmoins chef de la sécurité, Ahmed Gaddaf al-Dam a ainsi rejoint les insurgés en mai. Ultime rempart d’un régime moribond, c’est à la tribu des Kadhafa que s’est d’ailleurs adressé Abdesselem Jalloud, dimanche 21 août, pour l’exhorter à renier le « tyran ».
 
Jusqu’au dernier moment, Mouammar Kadhafi a compté sur les tribus. Encore, au mois de mai, il a réuni une Conférence nationale des tribus libyennes qui a conclu ses « travaux » en émettant le souhait d’une loi d’amnistie générale incluant tous ceux qui avaient pris les armes depuis le soulèvement. Une tentative désespérée de recoller des morceaux déjà bien éparpillés alors que fin avril une soixantaine de tribus réunie à Benghazi cette fois, appelait de leurs vœux « une Libye unie, une fois le dictateur parti ».
 
Devant cette mosaïque d’influences et de pouvoirs, les occidentaux s’inquiètent d’un risque de partition du pays, une fois Kadhafi écarté. Entre l’Est contrôlé par le Conseil national de transition (CNT) établi à Benghazi et l’Ouest, les rivalités entre les tribus et les clans risquent de bloquer la sauvegarde de l’unité nationale. D’autant plus que les prétentions du CNT dans ce domaine sont bien loin de se rapprocher de la réalité. Il suffit pour s’en convaincre de se rappeler l’épisode désastreux de l’assassinat de l’ex-ministre de la Défense rallié, Abdel Fatah Younès chef de l’état-major du CNT, suivi du limogeage de tout le « gouvernement » de l’organe politique de la rébellion.  


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