Un bombardement aérien a fait au moins 44 morts et plus de 130 blessés mardi soir dans un centre de détention de migrants à Tripoli, a annoncé mercredi la mission des Nations unies en Libye dans un communiqué. L’émissaire de l’Onu pour la Libye, Ghassan Salamé, a dénoncé un “crime de guerre”. Les précédents bilans, fournis par le Haut-commissariat aux réfugiés de l’Onu (HCR) à Genève et par un responsable médical libyen faisaient état de 30 à 40 morts après cette attaque qui a visé le centre de détention de migrants de Tadjoura, situé à proximité d’un camp militaire dans la banlieue de Tripoli.
Un porte-parole du HCR, Charlie Yaxley, avait cependant précisé que le bilan risquait de s’alourdir, quelque 600 migrants vivant dans ce centre. Il a dit ne pas encore être en mesure de désigner l’auteur de l’attaque mais un commandant de l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar, qui contrôle l’Est libyen, avait promis lundi une intensification des raids aériens sur la capitale en réaction à la perte par ses forces de la ville stratégique de Gharyan.
Il s’agit du bilan le plus lourd pour une frappe aérienne depuis le début de l’offensive lancée il y a trois mois par les forces de Khalifa Haftar pour tenter de s’emparer de Tripoli, avec le soutien actif des Emirats arabes unis et de l’Egypte, et tacite des pays occidentaux. Le gouvernement d’union nationale basé à Tripoli (GNA), reconnu par l’Onu, a dénoncé dans un communiqué une attaque du “criminel de guerre Khalifa Haftar”.
L’ANL a nié de son côté avoir touché le centre de détention lors du raid aérien, affirmant que des milices alliées à Tripoli l’avaient bombardé après une frappe de précision menée contre un camp militaire. Tadjoura, à l’est du centre de Tripoli, abrite plusieurs camps militaires des forces alliées au GNA, qui sont les cibles de frappes aériennes depuis des semaines.
La Libye demeure le principal point de départ des migrants d’Afrique et des pays arabes qui tentent de rejoindre l’Italie par la mer, même si le flux s’est nettement réduit ces derniers mois, les Européens ayant délégué aux autorités libyennes le soin de bloquer les migrants. Des milliers d’entre eux sont détenus dans des centres de détention, dans des conditions souvent inhumaines selon les groupes de défense des droits de l’homme et l’Onu.
Ahmed Elumami et Ulf Laessing, avec Omar Fahmy au Caire et Stéphanie Nebehay à Genève; Arthur Connan et Tangi Salaün pour le service français, édité par Henri-Pierre André
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