
ABIDJAN, Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères de la Communauté économique des Etats de l`Afrique de l`Ouest (Cédéao) se réunissent lundi à Abidjan pour étudier le déploiement d`une force au Mali, dont le Nord est occupé par des groupes islamistes armés.
Le président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, a officiellement saisi début septembre la Cédéao d`une demande d`aide, alors que le Nord du pays est contrôlé par des groupes proches d`Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui y ont imposé la charia (loi islamique).
Les ministres vont examiner les propositions des chefs d`état-major de la Cédéao, qui se sont retrouvés vendredi et samedi à Abidjan. Cette nouvelle réunion sur la crise malienne est destinée à préparer une future demande de résolution aux Nations unies.
"Nous avons exprimé à travers ces propositions notre détermination à exécuter la mission qui nous a été confiée afin d`aider le Mali et le peuple maliens dans la reconquête du nord du territoire occupé", a déclaré samedi le général Soumaïla Bakayoko, chef d`état-major de l`armée ivoirienne.
Vendredi, le président ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao, s`est rendu à Abuja, où il a rencontré son homologue nigérian Goodluck Jonathan et le président du Bénin, président en exercice de l`Union africaine, Thomas Boni Yayi, afin de chercher à "harmoniser les positions" sur la question malienne.
La Cédéao, qui prépare depuis plusieurs mois le déploiement de 3.300 soldats, a dü revoir ses projets initiaux, qui prévoyaient notamment de sécuriser à Bamako le régime de transition.
Pas de feu vert du conseil de sécurité
Mais dans sa demande d`aide, Dioncounda Traoré, prend soin de préciser que "le déploiement de forces militaires combattantes est sans objet" à Bamako, conformément au voeu exprimé à plusieurs reprises par l`ex-junte militaire.
Les autorités maliennes ont indiqué qu`elles ne voulaient pas que des troupes ouest-africaines combattent, mais qu`elles apportent un soutien logistique et aérien, ainsi qu`une participation au maintien de l`ordre, une fois les villes du Nord reconquises.
"Personne ne cherche à se substituer aux Maliens, les premiers concernés. La Cédéao ne fait qu`accompagner le pays frère", a assuré samedi Ally Coulibaly, ministre ivoirien de l`Intégration africaine. Alors que beaucoup critiquent les atermoiements de Bamako, M. Coulibaly a jugé que "les autorités maliennes sont conscientes de la gravité de la situation".
Vendredi, le président de la Commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouédraogo, s`était montré plus sévère, soulignant que les pays d`Afrique de l`Ouest demandent "plus de cohérence politique et militaire" avec Bamako avant toute démarche devant les Nations unies.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a demandé davantage de précisions avant d`autoriser tout déploiement au Mali.
"Le Conseil de sécurité, voyant que cette opération n`est pas prête, ne l`a pas autorisée. Or le feu vert de l`ONU est une condition sine qua non", soulignait récemment un diplomate occidental en Afrique de l`Ouest. Une conférence internationale sur le Sahel, présidée par le secrétaire général de l`ONU Ban Ki-moon, est prévue le 26 septembre à New York.
La France, ex-puissance coloniale au Sahel, a plusieurs fois présenté comme "inéluctable" une intervention militaire, promettant un appui "logistique", parce qu`"avec Al-Qaïda, on ne négocie pas".
Mais les pays africains "ne sont pas nombreux à répondre à l`appel" pour l`envoi de troupes, relève le diplomate occidental. Le Sénégal et le Ghana ont fait savoir qu`ils ne prévoyaient pas d`envoyer des troupes au Mali.
Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, a lui assuré que le Burkina Faso était "très disponible" en cas d`intervention.
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