Des centaines de milliers de Soudanais ont bravé les forces de sécurité, hier samedi, dans de nombreuses villes du pays, comme l'avaient annoncé les organisateurs de la résistance au coup d'État militaire de lundi. Dans un communiqué lu à la télévision d'État, la police a nié avoir tiré sur les manifestants. Des sources médicales évoquent 3 morts et des centaines de blessés dans la répression des manifestations.
Khartoum, Omdourman, Bahri... Ces manifestations massives dans tout le pays lancent un message clair à Abdel Fattah al-Burhan : il ne bénéficie pas du soutien de la rue soudanaise. Hier, le général était décrié par toute la foule. Les manifestants estiment qu’il ne les représente pas et souhaitent le voir en prison aux côtés d’Omar el-Béchir. « Le 30 octobre, al-Burhan est à Kober », scandaient les manifestants, Kober étant la prison militaire où est détenu le président déchu, Omar el-Béchir. Les manifestants réclamaient également la libération immédiate des prisonniers politiques -parmi lesquels plusieurs ministres et responsables de mouvements politiques- et du Premier ministre Abdallah Hamdok, toujours assigné à résidence.
Pressions internationales aussi
La violente répression de ces manifestations qui, il faut bien le rappeler, sont totalement pacifiques, est un aveu de faiblesse de la part du général Burhan. L'ONU et Washington avaient par avance mis en garde contre l'usage de la violence, estimant que ces manifestations seraient un « test » sur les intentions des militaires.
Des mises en garde qui n'ont pas été entendues et la pression internationale risque de s’accroître alors que les Nations unies et de nombreuses chancelleries avaient mis en garde les militaires contre tout usage de la force. Rappelons que plusieurs ambassadeurs du Soudan en poste dans les pays occidentaux ont démissionné. Par ailleurs le soutien de ses parrains régionaux, l’Egypte, l’Arabie saoudite ou les Emirats n’est pas aussi franc que prévu.
En coulisse, Abdel Fattah al-Burhan semble fragilisé. Le général mène actuellement des consultations pour trouver un nouveau Premier ministre. En vain, car aucun candidat ne souhaite endosser la colère de la rue. Burhan a affirmé que la place était toujours libre pour Abdallah Hamdok. Mais ce dernier s’y refuse pour le moment. Si Burhan continue de marteler que sa prise de pouvoir n’était qu’un moyen de rectifier le cours de la révolution et de mener le pays à des élections, la rue n’y croit pas une seconde.
Hier les manifestants disaient avoir perdu confiance dans l’armée. Ils veulent un gouvernement 100% civil. Et malgré la répression, leur détermination ne semble pas entamée. Dans les rues de Khartoum, samedi soir, ils ont à nouveau dressé des barricades. La désobéissance civile continue et d’ici quelques jours, une nouvelle « marche du million » pourrait être organisée.
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