Les critiques contre l'Organisation des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) ne viennent plus du seul camp de Laurent Gbagbo, président ivoirien reconnu par le Conseil constitutionnel. Ces derniers jours, les dénonciations les plus virulentes contre la mission onusienne sont venues du camp d'Alassane Ouattara, dont l'élection à la présidentielle du 28 novembre 2010 a été reconnue par la communauté internationale. Forts du soutien de l'extérieur, Alasane Ouattara et les siens ont exhorté l'ONUCI à «passer à l'action » et à «user de la force légitime» pour protéger les populations civiles, mais aussi pour ''contraindre Gbagbo à quitter le pouvoir''.
Pour le gouvernement Ouattara, les casques bleus de l'ONUCI ne sont pas toujours là où ils sont attendus, ce qui laisserait planer le doute sur l'efficacité de leur mission en Côte d'Ivoire. Dans le même temps, l'ONUCI est rejetée par le camp Gbagbo qui a exigé, depuis, son départ immédiat, la désignant comme un «ennemi de la Côte d'Ivoire, une force internationale qui a pris fait et cause pour le camp Ouattara.» Le gouvernement Gbagbo ne cesse de tirer à boulets rouges sur la mission onusienne qu'il accuse ''de tuer des civils, de transporter les rebelles ou de se livrer à des trafics d'armes''. La mission de l'ONU en Côte d'Ivoire, forte de 10.000 hommes, se trouve aujourd'hui sous le feu des critiques des deux camps rivaux ivoiriens.
«L'ONUCI fait, en fonction de son mandat et de ses ressources actuelles et à venir, tout ce qu'elle peut pour protéger les populations. Toutes les ressources de l'Onuci sont consacrées à ce travail», a expliqué, mardi 22 mars 2011 à l'AFP, le porte-parole de la mission, Hamadoun Touré. «La situation est inconfortable», a-t-il admis. «Cette situation montre que chaque camp veut avoir l'ONUCI de son côté mais notre impartialité militaire est de rigueur», a souligné M. Touré. Il a indiqué que l'ONUCI avertit régulièrement «ceux qui inventent des histoires de haine et les propagent» et que leurs actes constituent des «crimes de guerre.» Mais pour les ''deux pouvoirs'' ivoiriens, la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire ne répond plus aux attentes du pays. Si pour M. Gbagbo, l'ONUCI a fait étalage de sa partialité dans le conflit ivoirien, pour M. Ouattara, la mission refuse d'exercer totalement son mandat en Côte d'Ivoire.
«L'ONUCI est vraiment prise entre le marteau et l'enclume », notait hier à l'AFP, un observateur averti de la situation ivoirienne. A la vérité, le vrai problème de la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire réside dans le contenu de son mandat. Hamadoun Touré, porte-parole de la mission, a expliqué qu'il faut dissocier «le maintien de la paix et l'imposition de la paix.» Dans le cas d'espèce, la mission onusienne en Côte d'Ivoire a un mandat de maintien de la paix, ce qui exclut toute intervention militaire des casques bleus dans la résolution de la crise post-électorale. L'Usage de la force n'est autorisée en Côte d'Ivoire par l'ONUCI qu'en cas de ''légitime défense'', conformément à son mandat actuel. La mission de l'ONU en Côte d'Ivoire aurait eu un mandat d'imposition de la paix que les casques bleus seraient amenés à user de la force pour imposer, dans le pays, les décisions validées par l'organisation mondiale.
Pour que l'ONU ait un mandat d'imposition de la paix en Côte d'Ivoire, il faudrait que le pays soit « dans une situation de faillite généralisée des institutions et de massacres de populations civiles à une grande échelle par des groupes armés», a précisé, hier, Hamadoun Touré. «En Côte d'Ivoire, on est dans le maintien de la paix», a insisté le porte-parole de l'ONUCI, ajoutant que seul le Conseil de sécurité de l'ONU peut modifier ce mandat actuel. Rappelons que la dernière mission d'imposition de la paix de l'ONU en Afrique remonte au début des années 90 en Somalie. Une mission qui s'était soldée par un échec
1 Commentaires
C'est Clair
En Mars, 2011 (02:14 AM)Participer à la Discussion