Les autorités congolaises ont attribué l'attaque qui a coûté la vie à l'ambassadeur d'Italie à Kinshasa et à deux autres personnes dans l'est de la RDC lundi aux rebelles hutus rwandais des FDLR.
Les réactions se multiplient après le meurtre de l’ambassadeur italien, son garde du corps et un chauffeur du Programme alimentaire mondiale (PAM). Selon la version des autorités, ces membres du cortège sont morts pendant que les forces de sécurité tentaient de les libérer après leur kidnapping au nord de la ville de Goma au Nord-Kivu. Ils pointent du doigt les rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda, rapporte notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa.
Pour le Baromètre sécuritaire du Kivu, il est possible que les FDLR soient responsables de cette attaque. Mais, il est trop tôt pour le confirmer, car ce groupe n'est pas le seul à opérer dans cette zone, au pieds du volcan Nyiragongo, a indiqué le Baromètre dans une note à RFI.
Les FDLR eux-mêmes ont démenti, affirmant que leurs troupes sont trop éloignées de la zone, contrôlée, selon eux, par l’armée congolaise. « Nos troupes sont très loin du drame. Cet acte ignoble a eu lieu entre Goma et Kibumba où sont installés des éléments des FARDC, au-delà de la route qui mène de Goma à Rutshuru, a réagi le colonel Placide Niyiturinda, porte-parole de leurs Forces armées combattantes. Donc les FDLR n’ont rien à voir avec cette attaque. Il faut qu’une enquête internationale soit diligentée pour que la vérité soit établie ».
Zone instable
Les services de sécurité congolais sont embarrassés par cette situation. Le ministère de l’Intérieur a tenu à souligner dans un communiqué que le déplacement de l'ambassadeur n'avait pas été notifié aux autorités. « Les services de sécurité et les autorités provinciales n'ont pu ni assurer des mesures de sécurisation particulière du convoi, ni leur venir en aide faute d'informations sur leur présence dans cette partie du pays pourtant réputée instable ».
La route empruntée par le convoi de l’ambassadeur, qui se rendait dans le territoire de Rutshuru, était classée en jaune par le PAM. C’est-à-dire qu’il fallait se déplacer en convoi ou au minimum deux voitures, l’escorte n’était pas obligatoire. Même si la sécurité s’était améliorée, ces deux dernières années, il y a quelques cas historiques d’attaques dans cette zone. En 2018, deux touristes britanniques et leur chauffeur congolais y avait été kidnappés.
Le gouverneur du Nord-Kivu Carly Nzanzu Kasivita pointe par ailleurs que les FDLR ont développé dans la région une véritable économie de la rançon, selon lui. « Les rescapés ont entendu leurs ravisseurs parler kinyarwanda mais aussi la zone du parc de Virunga aux abords de Kibumba, est une zone d’influence FDLR. Ils sont dans la région en train d’exploiter le bois et aujourd’hui, avec la rareté du bois, ils ont développé une stratégie de kidnapping des personnes. »
Une « attaque terroriste »
Le gouvernement congolais « regrette ce drame » et assure « ne ménager aucun effort pour le rétablissement de la sécurité » dans cette région « en proie aux groupes armés nationaux et étrangers ». Dans un message lu en soirée par son porte-parole à la télévision nationale, le président congolais Félix Tshisekedi a condamné « avec la plus grande fermeté cette attaque terroriste » et a demandé que les auteurs de l'attaque soient « identifiés et traduits devant la justice ».
Du côté des chancelleries occidentales, des doutes pèsent encore sur les circonstances mêmes de l'attaque : qui a tiré les balles qui ont atteint l’ambassadeur et son garde du corps tués au cours d’échange de tirs avec les gardes du parc ? Pour le gouverneur du Nord-Kivu, ce sont les ravisseurs eux-mêmes qui ont tiré sur les deux étrangers et leur chauffeur congolais.
Ce drame préoccupe les autorités congolaises au plus haut sommet de l’État. Un comité de crise s’est réuni autour du président Félix Tshisekedi qui a décidé dépêcher une équipe de la présidence à Goma afin d'accompagner les enquêtes sur l'attaque. Un émissaire du président congolais devrait se rendre ce mardi à Rome, pour apporter la lettre personnelle de Tshisekedi au président du Conseil Italien.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a demandé au gouvernement congolais « d'enquêter rapidement sur cette attaque odieuse d'une mission conjointe sur le terrain et de traduire les auteurs en justice ». Du côté de l'Union européenne. Charles Michel, s'est déclaré « choqué » par « ces vies perdues ». Le président du Conseil européen a toutefois rappelé, sur twitter, « que l'UE restera aux côtés de la RDC et de sa population pour la sécurité et la paix ».
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