
Au départ, il s’agit d’une photo publiée sut Twitter, qui montre un homme blanc habillé en kaki et portant un gilet pare-balles à bord d’un véhicule blindé parcourant les rues de Maiduguri. Cette image vient conforter la thèse de diplomates basés à Abuja, qui affirment que le Nigeria a fait appel à des mercenaires sud-africains et soviétiques pour lutter contre Boko Haram.
Sur une demande d’Abuja, des centaines de soldats tchadiens mobilisés dans la lutte contre Boko Haram ont quitté le Nigeria. Selon RFI, il s’agit des soldats qui ont libéré la ville carrefour de Dikwa, il y a bientôt dix jours. Ces soldats d’Idriss Déby s’étaient déjà repliés sur Gamboru vendredi et se trouvent désormais au Cameroun.
Serait-il une manière, pour le Nigeria, de jouer double jeu dans la lutte contre Boko Haram ? Surtout que ses armées ont été critiquées dans leur incapacité à mettre fin aux exactions de la secte terroriste.
En faisant la liaison entre la demande de retrait que Lagos a adressée aux forces tchadiennes et l’arrivée de mercenaires soviétiques et sud-africains, les autorités nigérianes désavouent leurs forces armées soupçonnées d’être de mèche avec Boko Haram. Selon des sources diplomatiques et sécuritaires, c’est la raison pour laquelle, le Nigeria a fait appel à des mercenaires sud-africains et de l’ex-Union soviétique pour l’aider dans sa lutte contre la secte islamiste Boko Haram. «Leur nombre porte entre 200 et 400 personnes, croit savoir un diplomate basé à Abuja, la capitale fédérale nigériane. Une source ouest-africaine évalue leur salaire quotidien à environ 400 dollars (375 euros)», révèle Le Monde.
Pour l’instant, Lagos a refusé de faire le moindre commentaire, renvoyant les journalistes vers un porte-parole de l’armée qui, à son tour, n’a pas souhaité répondre.
Incidences diplomatiques ?
L’Afrique du Sud rougit déjà de colère, après l’annonce de la présence au Nigeria de leurs compatriotes. «Ce sont des mercenaires, qu’ils entraînent, apportent leur savoir-faire ou fassent du repérage. Ils n’ont rien à faire là-bas», a déclaré Nosiviwe Mapise-Nqakula, ministre de la Défense dans les médias de son pays. Parallèlement, la ministre rappelle que la loi sud-africaine interdit l’utilisation de mercenaires.
Toutefois, une source sécuritaire ouest-africaine et une source militaire sud-africaine ont cependant déclaré, dans Le Monde, que les soldats étrangers étaient liés aux dirigeants d’une ancienne société sud-africaine de sécurité, Executive Outcomes, connue pour son implication dans la guerre civile qui a déchiré l’Angola de 1975 à 2002 et dans la lutte contre la rébellion en Sierra Leone en 1995. La société a été dissoute en 1998 sous la pression de Pretoria qui cherchait à débarrasser l’Afrique du Sud de son imposant secteur de la sécurité privée.
Le Niger, le Cameroun et le Tchad sont engagés dans la lutte contre Boko Haram. Et cette stratégie adoptée par le Nigeria va-t-elle plaire à ces pays, qui verront sans doute une manière pour Goodluck Jonathan de maquiller sa campagne électorale pour obtenir sa réélection. Une poudre aux yeux des populations.
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