D’après l’OCDE, le taux de mobilisation des recettes fiscales au Nigeria s’affichait à 5,5% en 2020, soit l’un des taux les plus faibles d’Afrique. Dans un contexte d’augmentation des besoins de financement de son budget, l’Etat fédéral veut adopter de nouvelles mesures pour renforcer ses revenus.
Au Nigeria, les membres du parlement ont adopté, fin décembre 2022, le « 2022 Finance Bill » destiné à mettre en place de nouvelles réformes fiscales pour l’année 2023. L’objectif affiché par les autorités semble être l’augmentation des revenus de l’Etat afin de faciliter le financement du budget de cette année.
A cet effet, les nouvelles mesures adoptées prévoient l’augmentation de certaines catégories de taxes et impôts et plus précisément celles imposées aux sociétés. Ainsi, la taxe sur l'enseignement supérieur (destiné à financer les dépenses publiques dans l’enseignement supérieur) devrait passer de 2,5% à 3%, alors que le taux de l'impôt sur le revenu des sociétés pour les entreprises qui « brûlent du gaz » doit passer de 30% à 50%. A ces mesures s’ajouteront la mise en place d’un prélèvement de 0,5% sur tous les biens éligibles importés au Nigeria depuis l'extérieur de l'Afrique et l'instauration de droits d’accises sur tous les services, y compris les services de télécommunications fournis au Nigeria.
Alors que président Buhari doit promulguer la nouvelle loi dans les prochains jours, les mesures adoptées ne semblent pas encore rassurer l’entièreté des acteurs du monde des affaires au Nigeria. Dans un communiqué publié samedi 7 janvier, la Chambre de commerce et d'industrie de Lagos (LCCI) a mis en garde le gouvernement fédéral contre les projets d'augmentation de certains impôts et appelé les autorités à explorer de nouvelles façons d’augmenter les recettes publiques.
« Nous invitons le gouvernement à faire preuve de prudence en augmentant les taux d'imposition, car il existe de nouvelles façons de récupérer certaines dépenses fiscales pour augmenter les recettes publiques en 2023 », a souligné l’institution qui a recommandé l’annulation de certaines mesures.
Ces annonces interviennent dans un contexte marqué par la faiblesse de la pression fiscale au Nigeria, entraînant un manque à gagner important pour les finances publiques, sur fond de difficultés économiques. D’après les chiffres de l’OCDE, le Nigeria affiche l’un des taux de pression fiscale les plus faibles d’Afrique, estimé à 5,5% du PIB en 2020. Ces dernières années, les autorités avaient misé sur les emprunts internationaux pour financer leurs projets de développement et combler le déficit budgétaire, mais la crainte d’un alourdissement du service de la dette les a poussées à changer de stratégie.
Si l’élargissement de l’assiette fiscale devrait permettre de soutenir ce changement de cap, l’augmentation des impôts reste difficile à mettre œuvre au vu des réticences des entrepreneurs du pays. Dans son communiqué, le LCCI a ainsi appelé le gouvernement de Buhari à maintenir la taxe sur l’enseignement supérieur à 2,5% conformément à une première augmentation de 0,5 point de pourcentage adopté dans le cadre de la Loi de finances 2021.
« Au taux proposé de 3%, le taux de l'impôt sur les sociétés du Nigeria passerait à environ 36%, ce qui est l'un des taux les plus élevés au monde, selon les recherches disponibles », a ainsi précisé Dr Chinyere Almona, directrice générale de la LCCI, citée par les médias nigérians.
Rappelons qu’au troisième trimestre 2022, plus de 1,8 milliard $ d’impôts sur le revenu des sociétés a été collecté au Nigeria. Cette performance représente un taux de croissance de 13,41% par rapport à celui du second trimestre 2022, et 71,46% par rapport à celui du troisième trimestre 2021.
5 Commentaires