Une sénatrice nigériane a été suspendue de ses fonctions après s'être plainte de harcèlement sexuel par le président du Sénat, déclenchant des protestations et la condamnation de groupes féministes.
La sénatrice Natasha Akpoti Uduaghan a accusé le président de cette institution, Godswill Akpabio, de lui avoir fait des avances non désirées, dans une interview accordée aux médias nigérians la semaine dernière, et a ensuite lancé une pétition contre lui.
Elle a été suspendue jeudi pour six mois, une décision qui a été justifiée par une précédente polémique qui a éclaté dans les chambres du Sénat au sujet d'un changement dans la disposition des sièges.
Sa pétition pour harcèlement sexuel a ensuite été rejetée pour des raisons de procédure.
"Ma suspension injuste du Sénat nigérian balaye les principes de justice (...), d'impartialité et d'équité", a déclaré Akpoti Uduaghan dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.
La suspension de jeudi est intervenue quelques jours seulement avant la Journée internationale de la femme, célébrée chaque année le 8 mars.
Détaillant ce cas de harcèlement sexuel présumé, Akpoti Uduaghan a déclaré que le président du Sénat - qui nie les accusations - a bloqué à plusieurs reprises une motion qu'elle a tenté de faire avancer au Sénat, puis que ce dernier a lié son avancement à des faveurs sexuelles.
S'adressant à la chaîne de télévision Arise TV, la sénatrice a déclaré que M. Akpabio lui avait dit que la motion pourrait être adoptée si elle "prenait soin" de lui.
"Il a ensuite dit (...) +Tu peux profiter de beaucoup de choses si tu prends soin de moi et me rends heureux+", a-t-elle déclaré.
Le changement de la disposition des sièges au Sénat, qui a déclenché une polémique dans les chambres, "était un piège, un coup monté" par le président, qui a ordonné ce changement, a déclaré Akpoti Uduaghan.
"J'ai été déshumanisée, j'ai été calomniée (...) le changement de sièges n'a été que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", a-t-elle déclaré.
Des manifestants et des contre-manifestants sont descendus dans les rues de la capitale Abuja jeudi pour protester contre cette affaire.
Des défenseurs de la sénatrice ont déclaré que cette affaire mettait en lumière les problèmes de longue date liés aux droits des femmes dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, traditionnellement conservateur.
Mabel Adinya Ade, fondatrice d'un groupe de défense des droits des femmes, a déclaré que cette suspension s'inscrivait dans un "effacement systématique des femmes en politique".
Qualifiant cette suspension de "démonstration stupéfiante d'impunité patriarcale", elle a publié un article dans le magazine Law & Society, dans lequel elle écrit: "le message est effrayant : parlez et vous serez punis".
Le Sénat nigérian compte 109 membres, dont quatre seulement sont des femmes.
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