Une centaine de filles auraient été agressées sexuellement par des Casques bleus en République centrafricaine, dont trois qui décrivent avoir été ligotées et forcées de se livrer à des actes obscènes
L’ONU a confirmé jeudi que ses enquêteurs ont interrogé 108 victimes présumées, fort majoritairement des mineures. Un porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré que les allégations de bestialité sont abominables, mais que l’ONU est incapable de confirmer les faits pour le moment. L’ambassadeur français à l’ONU, François Delattre, a ajouté que les accusations sont «répugnantes et odieuses», puis il a assuré que la France est déterminée à faire toute la lumière sur cette affaire.
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de la personne, Zeid Ra’ad Al Hussein, a lui aussi déclaré par voie de communiqué jeudi que ces allégations sont «répugnantes» et que les dirigeants des trois pays dont sont originaires les suspects en ont été formellement informés. Il a dit que les pays doivent faire plus pour contrer ces agressions et assurer l’imputabilité de leurs militaires. L’ONU est éclaboussée depuis plusieurs mois par des allégations d’agressions sexuelles commises par ses Casques bleus, surtout en Centrafrique et au Congo. Des allégations similaires ont été formulées à l’endroit de la force française indépendante déployée en Centrafrique.
L’ONU a annoncé la semaine dernière l’envoi d’une équipe d’enquêteurs sur le terrain pour tenter de faire la lumière sur ces agressions présumées, qui auraient été commises en 2014 et 2015. D’autres allégations datent de 2013 et visent des groupes armés locaux. M. Dujarric a fait savoir que les contingents onusiens originaires du Burundi et du Gabon demeureront confinés à leur camp pendant l’enquête. Les allégations à l’endroit des forces françaises dans la même région font également l’objet d’une enquête.
L’ONU a récemment annoncé que 25 allégations d’agression sexuelle et d’exploitation ont été logées auprès de la mission onusienne en Centrafrique en janvier et en février, principalement concernant des événements survenus au cours des dernières années.
AIDS-Free World affirme que l’agence onusienne des enfants, l’Unicef, a interviewé il y a deux semaines 98 filles qui affirment avoir été agressées sexuellement. Le groupe ajoute que, samedi dernier, une délégation onusienne a rencontré des dirigeants locaux et des victimes qui prétendent que des soldats français et gabonais ont agressé sexuellement les filles. Certaines victimes ont dû quitter la région après avoir été rejetées par leur communauté.
Pendant la visite de la délégation, poursuit AIDS-Free World, trois filles ont raconté avoir été ligotée par un commandant français puis contraintes d’avoir des relations sexuelles avec un chien. Chaque fille aurait ensuite reçu l’équivalent de 9 $ US. Ces trois filles ont eu besoin de soins médicaux. La quatrième, qui est décédée plus tard, avait été surnommée «la chienne des Sangaris (des soldats français)» par des membres de la communauté.
Plusieurs des responsables des ces agressions auraient quitté la Centrafrique l’an dernier pour rentrer chez eux.L’ONU enquête sur le viol présumé d’une adolescente de 14 ans par des Casques bleus burundais en mars et sur l’exploitation sexuelle d’une femme par un membre du contingent marocain en février. AIDS-Free World dit que la mère d’une adolescente de 16 ans a informé la police locale, dans une autre région de la Centrafrique, que sa fille a été violée par un Casque bleu congolais lundi après-midi. Le soldat aurait admis avoir eu plusieurs relations sexuelles avec la jeune femme, à qui il aurait donné tout au plus 9 $ US.
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