Alors que les médecins se concentrent sur leur opération de reconstitution de visage, leurs homologues nigérians observent à distance.
Pourquoi est-ce qu’ils ne tiennent pas eux-mêmes les bistouris ? Aujourd'hui: le deuxième de trois volets sur le noma.
Demain: le troisième volet.
Problème mondial
Alors qu’il traverse le petit hôpital, le docteur Jabo tente de répondre à la question : "De nombreux médecins qui suivent leurs études au Nigeria font un complément de formation en Europe.
Mais ils ne reviennent pas. Nous n’avons tout simplement pas assez de médecins ici". C’est un problème mondial : la fuite des cerveaux. Les diplomés d’universités des zones de développement migrent vers les pays riches.
Dans le secteur médical, le Mozambique bat tous les records : 75% des docteurs ont quitté le pays pour s’installer dans un pays occidental.Au Nigeria, le gouvernement est indictement responsable du problème.
Docteur Jabo : "L’Etat du Sokoto finance chaque année la formation de trente médecins à l’étranger, pour qu’ils aient la chance de se spécialiser. Mais des trente, seulement trois reviennent". Jabo a également suivi une formation à l’étranger, mais il s’est senti appelé à revenir à Sokoto. "Sachant que ma formation a été payée par mes concitoyens, je sentais le devoir moral de rentrer. Et puis les gens ont besoin de moi ici, pas là-bas".
Frustrations
L’électricité est coupée pour la énième fois dans l’hôpital. Le générateur se met en route. Jabo soupire, mais il peut comprendre que les docteurs nigérians restent en Occident.
Tous les docteurs à Sokoto sont frustrés par l’électricité peu fiable et les appareils en mauvais état.Le directeur-adjoint Adetunji Adneiyi est également frustré : "Mais c’est la seule frustration des médecins ici.
Par les coûts élevés des soins de santé au Nigeria, les docteurs doivent parfois refuser d’opérer des patients qui ne peuvent pas payer. Chose terrible pour un médecin. Mais l’hôpital pour enfants Noma Children’s Hospital est le seul hopital du Nigeria où les soins sont entièrement gratuits.
Même si les docteurs sont souvent insatisfaits.
Plus confortable
Le docteur Sluimers de l’équipe néerlandaise pense que la cause de la fuite des cerveaux se trouve en Europe.
"L’Europe a aussi un manque de médecins, c’est pourquoi ils attirent ces gens". Sluimers signale que la vie est plus confortable en Europe : "les docteurs gagnent parfois plus de 50 fois plus que ce qu’ils gagnent ici.
Est-ce qu’on peut leur reprocher de rester là-bas ?"
De retour dans la salle d’opération, le docteur Bello, docteur en formation, s’approche de la table d’opération. Il examine avec intérêt les manuels médicaux et voit comment le docteur Sluimers transplante une greffe de peau. Il souhaite aller en Europe pour se spécialiser. "Mais je veux revenir.
On a plus besoin de moi ici qu’en Europe".
Difficile
Il est difficile de dire si le Noma Children’s Hospital sera un jour géré par des médecins nigérians. Le principal problème est la complexité des opérations qui y sont faites. Sluimers : "Même pour les spécialistes néerlandais, ces opérations sont terriblement difficiles".
Peu de médecins locaux seront assez formés pour pouvoir faire ces opérations de manière indépendante.Le docteur Jabo pense que seuls des changements politiques pourront permettre de rendre l’hopital autonome.
"La politique doit avoir plus d’attention pour le secteur de la santé. Permettre l’accès à de meilleures formations, disponibiliser du matériel moderne et subventionner les coûts des soins".
L’électricité est à nouveau coupée. Le docteur Jabo rigole : "Mais je crains que rien ne changera très vite".
Ceci est le deuxième volet de trois reportages effectués par notre journaliste de Radio Nederland, Maike Winters, sur le noma et ses conséquences sur la vie des jeunes Nigérians.
4 Commentaires
Noma
En Octobre, 2011 (12:09 PM)Ouzin.ba
En Octobre, 2011 (13:32 PM)Hopital Gratuit
En Octobre, 2011 (15:58 PM)Hola
En Octobre, 2011 (17:20 PM)Participer à la Discussion