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Afrique

Plus des deux tiers des familles mauritaniennes excisent leurs filles

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Plus des deux tiers des familles mauritaniennes excisent leurs filles
En Mauritanie, plus des deux tiers des familles continuent à exciser leurs filles, une pratique encore largement suivie en dépit des multiples efforts déployés aussi bien par l’Etat que par ses partenaires internationaux et les organisations de la société civile.
 
 
Selon les études en la matière, la présence de l'excision dans le pays aurait pris naissance il y a bien des siècles après y avoir été transmise à partir de l'Egypte et du Soudan via les peuples d'Afrique de l'ouest. 
 
C'est un « savoir-faire » traditionnel transmis de génération en génération et perpétué habituellement par les grand-mères qui utilisent des outils on ne peut plus insalubres. Il s'agit souvent de couteaux ou de lames non stérilisés car généralement déjà utilisés s'ils ne sont pas rouillés.
 
Aujourd'hui, le taux national de prévention de l'excision en Mauritanie tourne autour de 69,4% chez les femmes de 15 à 49 ans, indique la plus récente (2011) Enquête par Grappe à Indicateurs Multiples (MICS), réalisée par l'Organisation Mondiale pour la Santé (OMS). 
 
Cette enquête fait état tout de même d'une progression non négligeable quand on sait que le taux de prévalence, évalué par la même source, se situait à 72,2% en 2007.
 
Il faut néanmoins préciser que ce taux est bien disproportionné suivant les différentes régions du pays, celles de l'est et du sud, frontalières du Mali et du Fleuve Sénégal, ayant les plus grandes proportions.
 
Les méfaits de cette pratique ne sont plus à démontrer, souligne Bekaye Ba, cadre à la cellule des Mutilations génitales féminines (GMF), relevant du ministère mauritanien des affaires sociales, de l'enfance et de la famille.
 
Il est absolument établi que les mutilations génitales de façon générale, l'excision en particulier, donnent abondamment lieu à des hémorragies qui peuvent entrainer la mort, indique M. Ba dans un entretien avec APA à Nouakchott.
 
Ceci sans parler, ajoute-t-il, du choc dû à la douleur et au traumatisme et des infections urinaires et génitales, en plus des incontinences ou des retentions d'urine.
Le cadre à la cellule GMF évoque également les effets à terme de l'excision comme les douleurs ressenties, plus tard, lors de relations sexuelles, les difficultés surgissant au cours de l'accouchement ou, éventuellement, la stérilité.
 
Les motivations derrière l'excision en Mauritanie sont surtout d'ordre religieux (44% des cas), mais aussi en relation avec les traditions, us et coutumes (16%) ou la maîtrise de la sexualité (15%), selon un document fourni par l'UNICEF à Nouakchott. 
 
L'idée répandue largement chez les Mauritaniens était que l'excision est un devoir religieux qu'il est donc hors question de contourner, explique Mohamed Lemine Ould Ahmed Seyfer, spécialise Protection à la Représentation de l'UNICEF en Mauritanie.
 
C'est pourquoi, a-t-il ajouté dans des déclarations à APA à Nouakchott, l'approche suivie dans la lutte de ce phénomène devait commencer par corriger cette mentalité erronée.
 
Dans ce cadre, une trentaine d'ulémas, réunis dans un colloque islamique du 11 au 12 janvier 2010 à Nouakchott, ont rendu publique une fatwa stipulant que « la pratique des MGF dans sa forme habituelle pratiquée dans notre pays, est défendue et engage la responsabilité civile et pénale à cause des préjudices qu'elle provoque ».
 
Interrogé par APA à Nouakchott, Hademine Ould Salek, imam de la plus ancienne mosquée de Nouakchott et signataire de ladite fatwa, a précisé que toute pratique préjudiciable physiquement ou psychiquement à la personne est proscrite par l'Islam.
 
Il a rappelé à ce sujet que la religion interdit de jeûner aux personnes que le jeûne rend malades ou complique leur maladie en dépit du fait qu'il s'agit là d'un des 5 piliers de l'Islam.
 
Les ulémas prononçant la fatwa en question se sont basés sur une Déclaration des Professionnels de Santé (Médecins et Sages-femmes) en Mauritanie qui ont affirmé solennellement le caractère « néfaste » de l'excision pour la santé.
 
La Déclaration a souligné, dans ce contexte, les « complications somatiques chroniques » de ce phénomène, citant notamment les problèmes survenant pendant la grossesse et l'accouchement, notamment la mortalité prénatale élevée, l'hémorragie et les fistules obstétricales. 
 
Il y a, par ailleurs, ceux qui excisent pour, croient ils, maitriser la sexualité de la future femme. Ceux-là considèrent qu'une fille non excisée deviendra trop sensible et, partant, trop portée sur les hommes, ce qui pourrait la conduire à commettre des péchés religieux ou, tout au moins, sociaux. 
 
Mais il y a aussi d'autres considérations d'ordre esthétique ou hygiénique qui motivent la pratique de l'excision en Mauritanie, même si c'est à des proportions bien minimes.
 
« Dans nos campagnes de sensibilisation contre les MGF, il nous a souvent été donné de constater que certains milieux sociaux trouvent tout simplement que la fille non excisée est vulgaire et sale », raconte Fatimata Dieng, présidente d'une ONG mauritanienne active dans la santé féminine.
 
Sur ce terrain, déplore Mme Dieng dans un entretien avec APA à Nouakchott, le changement de la mentalité est beaucoup plus difficile puisqu'il s'agit de valeurs de beauté plutôt abstraites. 
 
En revanche, les résultats donnés par la campagne ciblant les aspects religieux et sanitaires sont plus palpables. Les messages clés sont aussi simples que ça : «l'excision n'est pas une obligation religieuse » ou encore « l'excision a des conséquences néfastes sur la santé des filles et des femmes », explique Mohamed Lemine Ould Ahmed Seyfer. 
 
Selon lui, bien des délégations africaines sont venues en Mauritanie pour s'inspirer de son expérience dans ce domaine. 
 
Pour optimiser le résultat, les autorités mauritaniennes compétentes ont privilégié une approche holistique favorisant un changement social par la communauté elle-même. 
 
Cette approche est surtout basée sur le caractère non « coercitif mais plutôt participatif et sensible à la dimension genre, religion et psycho-santé », souligne Bekaye Ba.
 
Le point de chute de ces efforts de sensibilisation consiste en une décision collective d'abandonner l'excision, solennellement matérialisée par une déclaration explicite publique. Déclaration déjà faite par des centaines de communautés et même des départements entiers dans plusieurs régions parmi celles où la prévalence est la plus grande dans le pays.


4 Commentaires

  1. Auteur

    Abdourrahmane

    En Avril, 2013 (02:37 AM)
    69,4%, quel gâchis! Ça fait mal de voir toutes ces femmes souffrir et se voir privées de leur dignité. Que Dieu nous aide.
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  2. Auteur

    Toujours Cette Religion

    En Avril, 2013 (09:53 AM)
    "surtout d'ordre religieux (44% des cas)," comme quoi cette soi disant religion qu'est l'islam est mauvais ! aucun respect de la femme ! je suis sur que les moutons sont mieux traités !
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    Auteur

    Abdourrahmane

    En Avril, 2013 (10:27 AM)
    Si vous relisez bien l'article, vous verrez que les érudits musulmans ont condamné ces mutilations sexuelles. C'est à cause du manque de connaissances islamiques que les gens confondent leurs traditions et l'Islam. Si les gens pratiquaient l'Islam authentique, il n'y aurait pas ces problèmes d'excision (il n'y a qu'à voir l'Arabie saoudite et les pays les plus islamisés pour constater que là bas, on ne pratique pas l'excision). Dans certains pays, ce sont même les animistes ou les chrétiens qui pratiquent le plus les excisions et autres infibulations. Et la pratique est bien antérieure à l'Islam.
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    Auteur

    Tort

    En Juin, 2013 (22:55 PM)
    Nous continuons de pratiquer l'excision point trait s'il s'agit egaliser les mariages gay vous etes fort
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