
«Les difficultés qu’on peut observer de loin dans les Armées africaines sont liées à la gestion des victoires». L’affirmation est du Pr Marc Imbeault, un universitaire canadien, qui reconnaît un manque de connaissance de sa part des troupes du continent. Il animait une conférence sur le thème «éthique professionnelle militaire» à l’intention des officiers sénégalais hier au camp Dial Diop. Selon ce conférencier, une fois que la victoire est acquise, il y a un problème pour tempérer l’ardeur des troupes afin qu’elles se comportent de façon magnanime avec les vaincus. Une thèse soutenue par certaines informations faisant cas d’exactions commises par les vainqueurs de la crise ivoirienne et de celle malienne plus récente.
L’Armée sénégalaise est par contre, à son avis, un exemple de stabilité dans la sous-région et même sur le continent africain tout entier. «Cela est peut être dû au régime politique», argumente Pr Imbeault du Collège militaire royal Saint-Jean de Québec. Mais malgré tout, l’Armée sénégalaise n’est pas imperfectible. La preuve, le colonel Mamadou Gaye commandant de l’Enoa dit constater une cassure entre les officiers et les sous-officiers. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’un programme de développement des sous-officiers est en train d’être mis en œuvre entre l’Etat du Sénégal et les partenaires.
A l’intention de l’auditoire, l’universitaire canadien a laissé entendre que l’éthique est une question de confiance. Sans elle, le leadership est rapidement ébranlé. «A supposer que le supérieur mente à ses subordonnés. Dès qu’ils s’en aperçoivent leur confiance diminue. Il est dans l’intérêt même du leader de conserver une éthique irréprochable», avertit-il. Par conséquent, pour chaque chose, c’est à la hiérarchie de donner le bon exemple, avant de l’exiger de la troupe. Etant donné que cette formation coûte très peu et rapporte beaucoup, il le conseille à toutes les Armées, au lieu de laisser l’étique au bon vouloir des officiers, comme jadis. En fait, l’opinion du Pr Imbeault est que tous ceux qui font le mal ne le font pas parce qu’ils veulent le faire, mais parce qu’ils sont ignorants. D’où l’importance qu’ils soient dotés d’une base éthique.
Dans la recherche de l’éthique, il est aussi important d’enseigner les sciences humaines. Le Pr Marc Imbeault soutient qu’elles permettent de comprendre des milieux étrangers et des cultures étrangères et d’éviter ainsi les mauvaises décisions dans certaines situations. Elles aident aussi à l’ouverture d’esprit permettant de s’émanciper de certaines attitudes comme le racisme et qui peuvent avoir des conséquences dramatiques dans les Armées et même en dehors.
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