Guy-Brice Parfait Kolelas, le principal opposant au président congolais Denis Sassou Nguesso, est décédé, a annoncé son porte-parole lundi matin. Le candidat à la présidentielle qui s'est déroulée dimanche avait été évacué dans l'après-midi par avion médicalisé vers Paris après avoir contracté le Covid-19.
L'opposant congolais Guy-Brice Parfait Kolelas, principal rival de Denis Sassou Nguesso à la présidentielle qui s'est tenue dimanche au Congo-Brazaville, est décédé des suites du Covid-19 lors de son transfert en France, a indiqué, lundi 22 mars, à l'AFP son directeur de campagne. Il a ensuite confirmé cette information auprès de l'envoyé spécial de France 24.
"Il est décédé dans l'avion médicalisé qui était venu le chercher à Brazzaville dimanche après-midi", a déclaré Christian Cyr Rodrigue Mayanda. "On va continuer à compter les bulletins. Il était en tête dans un certain nombre de localités", a-t-il ajouté. Il a appelé les partisans de l'opposant Kolelas à un rassemblement lundi à 11 h.
L'envoyé spécial de France 24, Clément Bonnerot, précise que Guy-Brice Parfait Kolelas était accompagné, dans son avion médicalisé, d'"un médecin congolais ainsi qu'un réanimateur, il y avait également son épouse". "L'avion a atterri à 1 h 35 à l'aéroport du Bourget à Paris mais M. Kolelas est décédé avant même de pouvoir arriver à l'hôpital", ajoute-t-il.
Il se battait "contre la mort"
L'opposant avait été testé positif au Covid-19 vendredi après-midi, et n'avait pu animer son dernier meeting de campagne à Brazzaville. À quelques heures du scrutin, il avait publié une vidéo dans laquelle il affirmait "se battre contre la mort".
"Mes chers compatriotes, je me bats contre la mort, mais cependant, je vous demande de vous lever. Allez voter pour le changement. Je ne me serais pas battu pour rien", avait affirmé dans cette vidéo Guy-Brice Parfait Kolelas, alité, affaibli, juste après avoir retiré un masque d'assistance respiratoire.
"Levez-vous comme un seul homme. Faites-moi plaisir. Je me bats sur mon lit de mort. Vous aussi, battez-vous, pour votre changement. Il en va de l'avenir de vos enfants", avait-il ajouté avant de remettre son masque.
Opposant historique, Guy-Brice Parfait Kolelas, 60 ans, est apparu cette année comme le seul vrai rival du président sortant Denis Sasssou Nguesso, 77 ans dont 36 au pouvoir, qui ne cachait pas sa volonté de se faire réélire dès le premier tour dimanche. Les résultats du scrutin ne sont pas attendus avant plusieurs jours.
Proclamé deuxième de la présidentielle de 2016 remportée par Sassou Nguesso dès le premier tour, Parfait Kolélas, devenu cadre à la retraite, se disait prêt à réaliser l'alternance au regard de sa "base électorale" constituée des membres de la communauté lari habitant la région du Pool et les quartiers Sud de Brazzaville, dans ce pays de 5,2 millions d'habitants, à l'histoire politique mouvementée.
Parfait Kolélas s'était engagé à libérer les deux candidats de la présidentielle de 2016 condamnés en 2018 à 20 ans de prison pour "atteinte à la sûreté de l'État", le général Jean-Marie Mokoko et André Okombi Salissa.
Parfait Kolélas ("Pako", pour les intimes) était un économiste arrivé en politique sur les conseils de son père, Bernard Kolélas, disparu en 2009 après avoir lutté contre le colonialisme et tous les régimes qui ont dirigé le Congo après son indépendance en 1960.
Les résultats provisoires du scrutin de dimanche doivent être annoncés dans le courant de la semaine. D'ici-là, les autorités congolaises ont coupé internet dans le pays.
Pas d'incident majeur pendant le scrutin
"C'est dans un climat de paix que la campagne électorale s'est déroulée. Je crois que ceci est un bon signe pour notre démocratie", s'était félicité Denis Sassou Nguesso après avoir voté dimanche à Brazzaville. "Je souhaite que le processus se poursuive ainsi jusqu'à son terme", a dit le président, qui a fait campagne sous le slogan "Un coup, K-O" pour dire sa volonté de gagner dès le premier tour.
Aucun incident majeur n'a été enregistré lors de la journée de vote sous haute surveillance, selon les éléments que l'AFP a pu collecter sur le terrain et par SMS (également coupés dans la journée).
L'Église catholique a émis des réserves sur la transparence du scrutin. Ses observateurs électoraux n'ont pas obtenu d'accréditations.
Une vingtaine d'observateurs de l'Union africaine seulement se sont déployés, officiellement en raison du Covid-19. "Les électeurs ont voté librement par rapport à 2016", a déclaré leur chef de mission, Dileita Mohamed.
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Les adversaires du président sortant ont dénoncé le vote anticipé jeudi des membres des forces de sécurité (entre 55 et 60 000), source de fraude potentielle selon eux.
Denis Sassou Nguesso a dirigé le Congo entre 1979 et 1992, à la tête d'un régime de parti unique. Il a été battu lors des premières élections pluralistes en 1992 par Pascal Lissouba. Mais ce très rare exemple d'alternance pacifique en Afrique centrale a pris fin en 1997 avec le retour au pouvoir de Denis Sassou Nguesso, après une guerre civile dont il est sorti victorieux.
En 2015, il a fait sauter le verrou constitutionnel qui imposait une limite d'âge et restreignait à deux le nombre de mandats présidentiels.
En 2016, la réélection contestée de Denis Sassou Nguesso avait déclenché une violente rébellion dans la région du Pool.
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