Les parlementaires européens et leurs homologues des pays ACP ( Afrique, Caraïbes, Pacifiques) devaient voter une résolution commune sur la situation post-électorale au Gabon lors de la 32e asssemblée parlementaire paritaire UE-ACP qui s'est tenue en début de semaine à Nairobi. Mais après trois jours de négociations serrées, aucun accord n'a été trouvé.
« Nous sommes très déçus, confie le député européen Jo Leinen, car le Gabon était notre priorité. Mais la partie gabonaise a eu des positions tellement dures qu’il a été impossible de présenter un texte commun ».
Les parlementaires européens proposaient en guise de résolution un texte reprenant les critiques de la mission d’observation de l’Union Européenne, qui a rendu son rapport sur le processus électoral gabonais lundi 12 décembre. Ils dénonçaient un processus peu transparent aux résultats très douteux et surtout demandaient un nouveau décompte des voix comprenant la comparaison des PV de la Cénap et de l’opposition pour la province du Haut-Ogooué.
Des propositions rejetées en bloc par la partie gabonaise, pour qui un tel processus serait contraire à la Constitution. Les représentants gabonais sont venus en nombre à Nairobi : la présidente du Sénat, Lucie Milebou-Aubusson était présente, ainsi que le vice-président du Sénat, Jean-Christophe Owono Nguema, et l’ambassadrice du Gabon à Bruxelles, Félicité Ongouori.
« Cela a rendu les négociations difficiles, car nous n’étions pas qu’entre parlementaires », confie une source européenne qui a assisté aux discussions.
La mission d’observation de l’UE au cœur des tensions
La mission d’observation de l’Union Européenne, représentée à Nairobi par sa directrice, la député Européenne Mariya Gabriel, a cristallisé les tensions. Mardi matin, les négociations ont été momentanément suspendues lorsque les représentants de la Namibie, soutenus par la partie gabonaise, ont remis en doute l’impartialité et l’intégrité de la mission.
« Les pays de l’ACP considèrent qu’ils n’ont pas les moyens de vérifier ce que la mission avance » a renchéri Fernand Joumas, sénateur gabonais, en marge des discussions.
Ce sont donc deux textes au lieu d’un qui ont été présentés au vote mercredi 21 décembre. Celui du parlement européen « considère que les résultats officiels de l’élection présidentielle manquent de transparence et sont extrêmement douteux, ce qui a eu pour effet de mettre en cause la légitimité du président Bongo ».
De son côté, le texte gabonais affirme que « les déclarations des observateurs de l’Union Européenne se situent au-delà de leur mission », et se concentre sur « l’ouverture d’un dialogue apaisé entre tous les protagonistes de la crise électorale ».
Chacune des résolutions a été rejetée par la partie adverse.
Les députés européens promettent une nouvelle résolution
« C’est une victoire », considèrent les sénateurs gabonais. Ils affirment que le groupe ACP a fait bloc derrière le Gabon, bien que six représentants de ces pays aient voté pour la résolution des parlementaires européens.
Jo Leinen assure quant à lui qu’une nouvelle résolution sera préparée pour la prochaine session du parlement européen à Strasbourg mi- janvier.
« Elle s’adressera aux autorités de l’Union Européenne, et je suis sûr que nous évoquerons l’article 8 de l’accord de Cotonou ». Un article qui engage un dialogue renforcé entre les autorités gabonaises et l’Union Européenne, et qui peut ouvrir la voie à des sanctions en cas d’impasse des discussions.
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