
Le 10 janvier dernier, deuxième jour des Vodun Days 2025, les Bokonon (prêtres du Fâ) ont consulté le Fâ (l'oracle), lors de la grande cérémonie du vodoun à Ouidah. Il ressort de l'exercice que l’année 2025 est placée sous le signe « Fu Yéku ». Un signe porteur de protection, d’invincibilité et de prospérité pour le Bénin, selon l’interprétation du Bokonon David Coffi Aza et de l’ancien ministre Kakpo Mahugnon.
« Le Fâ dit qu’il n’y a que lui qui peut rester là pour le moment »
Invité sur le plateau de la télévision TVC, quelques jours après l’évènement, M. Aza a tenu des propos qui ont suscité une vive polémique dans le pays. En effet, ce prêtre du Fâ a laissé entendre que « la parole de prééminence » du signe "Fu Yéku" demande la prolongation du mandat du président Patrice Talon.
« Le Lédjigbé de Fu Yéku dit que l’intrépide est au seuil de la porte et aucun animal ne peut traverser l’intrépide. Le Fâ dit par-là que celui qui est au seuil de la porte est un intrépide, un intransigeant, et qu’il n’y a que lui qui peut rester là pour le moment pour assumer, parce que pour le Fâ, le pays est à un niveau où il faut un homme fort , sans état d’âme pour nous permettre de traverser les menaces qui se préparent et les menaces qui sont en cours. C’est un signe politique qui embête même les Bokonon, mais cela ne veut pas dire qu’on ne va pas dire la vérité » a déclaré le dignitaire.
« Si nous faisons tout pour que le président parte en 2026, mouvanciers et opposants, nous allons tous regretter »
Il poursuit : « le Fâ dit que si vous faites en sorte que le marteau écrase le pouce dans la forge, il vous sera très difficile de prélever la pâte pour manger. Le pouce d’une nation, c’est le chef qui dirige. Le Fâ dit que si vous continuez par embêter le chef jusqu’à ce qu’il se retire, il vous sera difficile de prélever la pâte pour manger, et moi ça ne me dérange pas. Ce que je dis, je l’assume. Si nous faisons tout pour que le président parte en 2026, mouvanciers et opposants, nous allons tous regretter » a prédit le bokonon.
Désavoué par le Comité des rites vodoun
En termes clairs, ce prêtre du Fâ appelle à un 3e mandat du président Patrice Talon. Inutile de rappeler que selon la Constitution béninoise, un chef d’État ne peut faire plus de deux mandats de toute sa vie.
Quand on demande à M. Aza si le Fâ foule au pied la loi fondamentale, il s’empresse de dire que l’oracle n’a rien à voir avec la Constitution. « Le Fâ dit ce qu’il doit être », soutient cet homme très bien connu dans le paysage médiatique béninois.
Ses propos ont suscité une telle controverse que le Comité des rites vodoun a dû publier un communiqué pour le recadrer. Dans le document, ce Comité précise que les « déclarations inappropriées » de M. Aza n’engagent que lui.
3 Commentaires
"Un mandat et je m'en vais "avait-il dit !
Le voilà en train de négocier un troisième mandat.
Mais peut-être a-t-il raison de le faire pour ne pas laisser le pays tomber entre les mains du SONKO local .
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