En Centrafrique, après plusieurs jours de négociations, les six policiers enlevés dimanche par le groupe d'autodéfense du PK5, le quartier musulman de Bangui, ont été libérés vendredi 24 juin. Cette prise d'otage était une réaction à l'interpellation lors de contrôles de routine de 26 musulmans qui n'avaient pas de papiers, parmi lesquels deux membres du groupe d'autodéfense. Ce même groupe avait pris d'assaut un commissariat du quartier lundi pour prendre d'autres policiers en otage, obligeant la Minusca à intervenir.
Les six policiers vont bien, ils sont en bonne santé, a indiqué le député et médiateur dans cette affaire, Hamadou Aboubakar Kabirou.
Un véhicule de la Minusca a transporté les policiers du quartier du PK5, où ils étaient détenus, au palais présidentiel. Le chef de l'Etat, Faustin-Archange Touadéra les a reçus en fin d'après-midi.
Négociations difficiles
La remise des otages ne s'est pas faite sans difficulté. Leur libération était initialement prévue à la mi-journée vendredi. Mais alors qu’un véhicule de la Minusca était sur place pour les escorter vers la présidence, les ravisseurs ont exigé que deux de leurs membres soient aussi transportés par la mission des Nations unies pour être entendus par le chef de l'Etat. Mais la Minusca a refusé de les prendre en charge et la libération a alors fini par capoter.
Les négociations ont donc continué en début d'après-midi. Le groupe d'autodéfense demandait également en échange des policiers la libération des 26 musulmans arrêtés le week-end dernier. « Ceux qui ont été arrêtés à tort seront libérés, c'est la seule garantie qui a été accordée par le gouvernement », explique Haroun Gaye, un des responsables du groupe d'autodéfense du PK5.
Soulagement
Au PK5, la population retenait son souffle depuis lundi. La libération des policiers sans violence est vécu comme une victoire, la preuve que la négociation peut triompher des armes.
« Plus jamais ça », confiait un habitant du quartier, membre de la médiation avec le groupe armé, à RFI. Avec d'autres personnalités du quartier, il pense aujourd'hui à mettre en place une plateforme de discussion avec le groupe d'autodéfense. L'idée est d'impliquer tous les acteurs, les jeunes, les vieux, les religieux, les commerçants, pour continuer le dialogue et « éviter de refaire les mêmes erreurs », a-t-il conclu.
En attendant, la vie reprend au PK5, les commerçants rouvrent leurs boutiques et les voitures vont et viennent sur l'axe principal. Surtout, les gens ont cessé de tendre l'oreille à d'éventuels coups de feu.
0 Commentaires
Participer à la Discussion