Accusé de détournement de fonds publics, Vital Kamerhe, allié du chef de l'État de la République démocratique du Congo, a comparu lundi au tribunal de Kinshasa. La suite de son procès aura lieu 25 mai. Il s'agit d'une étape sans précédent dans l'histoire judiciaire du pays, qui s'est lancé dans une vaste lutte contre la corruption.
Le procès pour corruption de Vital Kamerhe, principal allié du prédient de la RD Congo Félix Tshisekedi, s'est brièvement ouvert lundi 11 mai à Kinshasa avant d'être ajourné au 25 mai.
"La cause est renvoyée au 25 mai pour la poursuite de l'instruction", a déclaré le président du tribunal à l'issue de cette première audience d'environ deux heures retransmise par la chaîne d'État RTNC.
En détention préventive depuis le 8 avril, Vital Kamerhe a comparu avec deux co-accusés pour le détournement présumé de quelque 50 millions de dollars destinés au financement de travaux publics qui devaient marquer le début du quinquennat de Félix Tshisekedi en 2019. La RD Congo s'est constituée partie civile dans ce dossier sans précédent.
"Jamais dans l'histoire politique congolaise de ces deux dernières décennies, un acteur aussi important de la scène politique ne s'est retrouvé derrière les barreaux", résument les experts du Groupe d'études sur le Congo (GEC) de l'Université de New York.
Une chasse à la corruption
Les poursuites contre Vital Kamerhe entrent dans le cadre d'une vaste enquête anti-corruption supposée marquer le "renouveau" de la justice congolaise dans la lutte contre l'impunité des élites depuis l'indépendance le 30 juin 1960.
Le procès s'est ouvert en "audience foraine", c'est-à-dire délocalisée dans l'enceinte même de la prison de Makala.
Les avocats de Vital Kamerhe ont indiqué qu'ils avaient déposé une demande de remise en liberté provisoire. Une première avait été rejetée mi-avril.
Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi ont scellé un accord politique pour constituer leur plateforme Cap pour le changement (Cach), qui gouverne la RD Congo en coalition avec les forces politiques de l'ex-président Joseph Kabila, toujours majoritaires au Parlement.
Cet accord signé à Nairobi en novembre 2018 prévoit que Vital Kamerhe, qui a déjà tenté sa chance en 2011, soit candidat à la présidence de la République en 2023.
Vital Kamerhe dément ces accusations
Nommé directeur de cabinet au lendemain de l'investiture du président Tshisekedi le 24 janvier 2019, Vital Kamerhe est soupçonné du détournement des fonds destinés à la construction de logements sociaux, soit 4 500 maisons préfabriquées.
Il nie ces accusations. Il estime que tous les marchés publics ont été "hérités" du précédent gouvernement, affirmant qu'"aucun contrat de marché public de gré à gré ne porte sa signature", selon l'ordonnance de rejet de sa demande de remise en liberté provisoire du 11 avril.
Si son arrestation est présentée comme un signal fort dans la lutte contre la corruption des élites, une partie de l'opinion reste sceptique et évoque un règlement de compte au sein de la coalition ou une manœuvre.
Malgré son arrestation, Vital Kamerhe n'a pas démissionné de son poste de directeur de cabinet, ni a été révoqué.
Avec AFP
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