Alors que l’instruction se poursuit dans le dossier des détournements de fonds du programme des 100 jours du chef de l’Etat, un des marchés incriminés inquiète peut-être plus que les autres. Plus de 10 millions de dollars auraient été dépensés pour acheter des médicaments qui se sont avérés, en partie, périmés.
La justice a demandé au ministère de la Santé une évaluation du prix des stocks obtenus car elle soupçonne un système de rétrocommissions. Dans ses auditions, le directeur de cabinet du chef de l’Etat, Vital Kamerhe, a démenti toute responsabilité dans ce volet de l'affaire, assurant que toute la responsabilité revenait au ministère de la Santé.
Officiellement, le marché a été remporté par une société Trade Plus SARL (ou Trad), dont l’orthographe varie au fil des documents. Impossible de trouver cette société présentée comme basée à Lubumbashi. À l’adresse mentionnée sur les bons de commandes, on trouve une quincaillerie. La justice congolaise a envoyé des requêtes tous azimuts pour obtenir plus d’informations.
Dans l’entourage de l’ancien ministre, Oly Ilunga, en poste au moment de la commande en mars 2019, on assure que c’est la présidence qui a tout géré. Cela n’est qu’à la réception, en juin, de plus de 20 000 colis, que le ministre aurait découvert qu’il n’existait aucun document, contrat, bons de commande, autorisations de mise sur le marché pour ces stocks. Il demande une enquête.
Trade Plus n’était-il qu’un intermédiaire ? En tout cas, selon l’ancienne équipe du ministère de la Santé, cette entreprise n'était pas habilitées à importer des médicaments. Jamais ses dirigeants ne se sont présentés au ministère, ils se sont toujours faits représenter par un avocat.
A l’arrivée du nouveau gouvernement, en septembre, les médicaments sont expertisés. Pour le ministère de la Santé, plus de 50% sont encore valables, mais certains sont proches de la date de péremption. C’est alors qu’apparait dans le dossier une nouvelle société, Planet Pharmaceutique, un dépôt bien connu à Lubumbashi, mais dont les employés démentent aujourd’hui tout lien avec l’affaire. Toujours est-il que le ministre actuel, le docteur Eteni Longondo, demande le remplacement des produits périmés et l’aurait obtenu, selon le ministère.
Le ministère de la Santé assure qu’aucun des médicaments périmés n’est aujourd’hui en circulation et précise qu’aucun argent n’a été versé par l’Etat à ce jour pour assurer la distribution des stocks jugés valables. Ce sont les provinces qui en ont les moyens qui assurent elles-mêmes leur acheminement. Dans une lettre publiée sur les réseaux sociaux et datée de décembre 2019, le ministre, le docteur Eteni Longondo, réclamait plus d’1,5 million de dollars pour distribuer ces médicaments dans les 26 provinces du pays, suscitant une polémique.
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