Face à la situation critique persistante dans l'est du Tchad, le Coordonnateur humanitaire au Tchad, Stephen Tull, appelle à un engagement renforcé de tous les acteurs en faveur des populations.
La semaine dernière, Stephen Tull, accompagné du Chef du Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), Florent Méhaule, s'est rendu à Abéché, dans la région du Ouaddaï, frontalière avec le Soudan, afin de mieux appréhender les principaux enjeux humanitaires à l'est du pays.
Durant sa visite, M. Tull a pu rencontrer les autorités locales et les partenaires humanitaires et de développement présents sur place, et constater les efforts réalisés afin de répondre aux besoins vitaux des populations vulnérables. La visite de terrain au village d'Abougoudam, à 25 km d'Abéché, a notamment été l'opportunité d'échanger avec les partenaires locaux et les bénéficiaires de projets en santé reproductive, nutrition, et sécurité alimentaire.
"Cette visite de terrain permet de mesurer l'ampleur et la multiplicité des besoins humanitaires et de développement à combler à l'est du pays: moins de 30% de la population du Ouaddaï a accès à l'eau potable, près du quart souffre d'insécurité alimentaire, et la malnutrition atteint des niveaux bien au-dessus des seuils d'urgence", a déclaré le Coordonnateur humanitaire. En effet, le taux de malnutrition aigüe sévère atteint 4,1% dans le Ouaddaï, soit le troisième taux le plus élevé du pays, au-dessus du seuil d'urgence de 2%.
Outre l'accès à l'eau, l'accès aux autres services sociaux de base, tels que l'éducation et la santé, est un enjeu critique : la région du Ouaddaï compte seulement 1 médecin qualifié pour 78 000 habitants et 1 enseignant formé pour 159 élèves. 9% des écoles ont fermé cette année du fait de la grève des enseignants communautaires, non payés depuis plus d'un an. La présence de 300 000 réfugiés soudanais depuis plus d'une décennie, accentue la pression sur ces infrastructures de base, de même que sur les ressources naturelles, et pose des problématiques additionnelles en termes d'autonomisation et d'intégration sociale. Avec plus d'un demi-million de réfugiés, le Tchad est en effet le deuxième plus grand pays d'accueil de réfugiés sur le continent africain.
A cela s'ajoute la problématique de l'accès aux populations dans le besoin, particulièrement durant la saison des pluies (de juin à septembre) car la montée des eaux des ouadis (cours d'eau) enclave de larges zones pendant plusieurs semaines. Pour pouvoir maintenir l'assistance aux personnes vulnérables pendant cette période, qui correspond également à la période de soudure, la communauté humanitaire a recours au pré-positionnement de stocks dans les zones potentiellement inaccessibles.
"Face à ces défis multiples, il faut investir dans le développement aux côtés des opérations humanitaires. Seul un engagement renouvelé de tous les acteurs - la communauté humanitaire, les acteurs de développement, les autorités, et les bailleurs de fonds - permettra de sortir de la crise prolongée, avec des solutions durables qui répondent à la fois aux besoins vitaux des populations et aux causes profondes des défis persistants", ajoute M. Tull.
Faute de financement et d'attention suffisante à la région de l'est, les partenaires humanitaires se retirent prématurément et l'investissement en faveur du développement reste insuffisant. Toutes ces contraintes limitent les possibilités de mettre en place des solutions durables pour améliorer la résilience et les moyens d'existence des populations vulnérables dans l'est du Tchad.
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