Le Gouvernement tchadien a décrété hier lundi l’état d’urgence dans la capitale, Ndjamena, ainsi que dans plusieurs régions de l’Est où des violences à caractère ethnique ont fait plusieurs centaines de morts ces dernières semaines. Il prévoit notamment de nommer dans les régions concernées des ministres résidents dotés de pouvoirs étendus et de rétablir la censure des médias. Le Gouvernement du président Idriss Déby est déjà confronté à une insurrection armée à l’Est, voisin de la région soudanaise du Darfour, où des milices arabes, les “djandjaouids”, terrorisent la population locale.
Le Gouvernement tchadien a accusé ces milices de provoquer des heurts entre Tchadiens arabes et non-arabes en opérant de fréquentes incursions au Tchad. «Cet état d’urgence vise à juguler les graves atteintes à l’ordre public consécutives à l’insécurité qui sévit dans ces régions», a annoncé le ministre des Communications, Hourmadji Moussa Doumgor, à l’issue d’une réunion spéciale du Gouvernement. La mesure s’applique non seulement aux régions affectées mais, à titre préventif, à de vastes portions du nord et du sud du pays et à Ndjamena. La capitale tchadienne a échappé à l’essentiel des violences depuis qu’a éclaté le conflit au Darfour, en 2003, opposant des rebelles non-arabes aux forces gouvernementales soudanaises alliées aux “djandjaouids”.
Des rebelles tchadiens cherchant à renverser Déby ont néanmoins lancé en avril une attaque éclair sur Ndjamena, qui a fait plusieurs centaines de morts avant que l’armée reprenne le contrôle de la situation. Déby a accusé le Soudan de soutenir les rebelles, ce que Khartoum dément.
«Le conseil (des ministres) a décidé, pour une meilleure coordination de l’action politique et sécuritaire dans les régions sous état d’urgence, de nommer des ministres résidents dotés de tous les moyens et de tous les pouvoirs d’action», a dit Hourmadji Moussa Doumgor. «Concernant les médias qui participent à la déstabilisation du Tchad par la désinformation, l’apologie de la rébellion armée et l’intelligence avec l’ennemi, le conseil a décidé de restaurer la censure préalable pour les journaux privés et d’interdire le traitement par des radios des questions pouvant porter atteinte à l’ordre public, à l’unité nationale, à l’intégrité du territoire et au respect des institutions de la République», a ajouté le ministre des Communications.
L’état d’urgence a été imposé le long de la plus grande partie de la frontière sud du Tchad avec la République centrafricaine, où des insurgés, parmi lesquels figureraient des combattants tchadiens, se sont emparés de villes ces dernières semaines. Le Tchad et la République centrafricaine ont réclamé le déploiement d’une force internationale de maintien de la paix pour assurer la sécurité de leurs frontières. Mais le Gouvernement soudanais refuse le déploiement d’une force robuste des Nations-Unies pour épauler le contingent de l’Union africaine présent au Darfour mais sous-équipé.
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