Le président sénégalais s’est rendu ce jeudi à Benghazi. La capitale rebelle. Le plus vieux des présidents africains s’est entretenu avec ceux qui ne jurent que par le départ du guide de la révolution.
Le président Abdoulaye est ainsi le premier chef d’Etat de la planète à rendre visite à ceux dont l’appellation varie selon qu’on soit ami ou ennemi. Rebelles pour les uns. Insurgés pour les autres. Libérateurs pour d’autres encore.
Le doyen des chefs d’Etats en termes d’âge a planté un coup de poignard dans le dos du doyen des chefs d’Etat en terme de longévité au pouvoir. Abdoulaye Wade a une nouvelle fois mis le pied dans le plat. Le vieux n’est pas à son premier geste qualifié souvent de saugrenu par l’opposition sénégalaise et de courageux par ses partisans.
Récemment encore il avait reçu Alassane Dramane Ouattara entre les deux tours de la présidentielle ivoirienne. Ce qui avait suscité les courroux du camp de Gbagbo et valu le rappel de l’Ambassadeur ivoirien à Dakar.
Après le tremblement de terre de janvier 2010 en Haïti c’est lui aussi qui avait proposé de recevoir les Haïtiens sur le contient de leurs ancêtres. Devant le tollé suscité par son initiative, le président Wade s’était contenté de recevoir une centaine d’étudiants haïtiens à Dakar. Lesquels sont aujourd’hui une véritable patate chaude entre les mains du vieil homme.
Avant cet autre geste, le soutien du président sénégalais à celui qui l’appelait mon père avait failli semer la discorde entre les Guinéens et les Sénégalais. Au pire moment de la crise guinéenne, le président Wade avait pris faits et causes pour le capitaine Dadis.
Bref, le président Abdoulaye Wade est un habitué des faits. Depuis son arrivée au pouvoir, le vieux a mis plusieurs fois la diplomatie sénégalaise à rude épreuve. L’homme est imprévisible. Lorsqu’il estime que son intérêt est en jeu, il ne va pas des mains mortes. Et il ne s’encombre pas de termes diplomatiques. Il va droit au but.
Ainsi sa visite à Bengazi répond à un souci : celui du maintien d’innombrables investissements du guide dans son pays. Le dirigeant le plus malheureux du continent à ce jour a mis le paquet au Sénégal. Entre hôtel de luxe et approvisionnement en or noir. Il y a qu’à sillonner la capitale sénégalaise pour faire le constat. Les stations service où on peut lire Libyan oil inondent la capitale.
Abdoulaye Wade sait que son ami n’a aucune chance de survivre politiquement de cette épreuve. Opposé qu’il est avec la plus grande organisation militaire du monde qui est l’OTAN.
Il sait que la chute du guide est une question de semaines voire de jours. Il sait aussi qu’il sera remplacé par le CNT de Benghazi. Du coup, après avoir reconnu ce mouvement, il lui rend visite pour pérenniser les intérêts du Sénégal. Quitte à aller à l’encontre de son opinion publique acquise à la cause du guide.
En Afrique au Sud du Sahara, si Kadhafi n’était pas un ange, l’épreuve à laquelle il est confronté a suscité un sentiment de compassion et de soutien à son endroit.
En revanche l’intervention occidentale a entraîné un autre sentiment de haine et de vengeance vis-à-vis des grandes puissances.
Wade est conscient que son déplacement à Benghazi sera applaudi à Paris, Londres et Washington. Mais il sera désapprouvé à Tripoli et dans la plupart des capitales africaines. Mais le vieil homme qui défendait la position de Kadhafi notamment sur les Etats-Unis d’Afrique n’en a cure. Avec son âge et son expérience, il semble dire aux Africains : ceci : « lorsque la politique entre par la porte, la morale sort par la fenêtre ».
Habib Yembering Diallo
Analyste et Correspondant de www.nlsguinee.com à Conakry
9 Commentaires
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En Juin, 2011 (13:45 PM)Doulaye W
En Juin, 2011 (13:46 PM)Wade
En Juin, 2011 (13:47 PM)Ma Ko Wax
En Juin, 2011 (13:48 PM)Biggie Small
En Juin, 2011 (13:53 PM)Yeeet
En Juin, 2011 (14:19 PM)Sorry
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En Juin, 2011 (18:56 PM)Diloufa
En Juin, 2011 (21:51 PM)Birou
En Juin, 2011 (00:48 AM)Participer à la Discussion