Le premier que le Président Sall aurait dû inviter à son dialogue national, c’est son ancien Premier ministre Abdoul Mbaye. Afin qu’au sortir de ce monologue à plusieurs voix, sur l’unique voie du pouvoir, il puisse «reconnaître son Macky». Et apprenne lui-même à se connaître et reconnaître dans ses nouveaux habits d’opposant.
Car si aujourd’hui, celui-ci est si méconnaissable à celui-là, c’est que la distance qui les sépare est de nature purement statutaire et s’étire sur l’espace du jeu politique et communicationnel. En mettant Abdoul Mbaye à l’épreuve des charges de Premier ministre, le Président Sall aura mis en œuvre son programme de campagne. Qui dès lors, n’était plus simple promesse de campagne, mais action patriotique mettant à contribution tous les patriotes : «la patrie avant le parti».
Quant à Abdoul Mbaye, l’occasion lui a été ainsi offerte de servir la République et la Nation autrement que par une activité purement privée et professionnelle, uniquement orientée vers son épanouissement personnel. Ainsi, l’un et l’autre auront consenti des sacrifices croisés. L’un pour avoir renoncé à faire la promotion exclusive de ses partisans, l’autre pour avoir accepté un poste qu’il savait parfaitement précaire et aléatoire.
Mais aujourd’hui comme hier, ils sont dans le jeu politique, dont l’objet est le pouvoir et l’objectif la conquête et la conservation de celui-ci. Or, ce jeu a toujours quelque chose de tragique. D’un tragique de nature éthique, dans la même perspective sacerdotale que l’activité philosophique telle que conçue par Socrate. Dans nos sociétés modernes, cet idéal de gouvernance articule le bien-être des peuples à la sagesse et aux vertus de leurs élus. Mais en politique, l’éthique est si voisine du cynisme qu’elle sert souvent de prétexte aux confrontations les plus inattendues.
Ainsi peut s’expliquer le comportement actuel de nos gouvernants. Ils nous offrent le spectacle d’une fiction qui n’a pourtant rien d’imaginaire. Et, qui, suprême abus, est totalement en marge et à l’opposée du modèle de gouvernance proposé par le Président Sall et fondé sur la vertu et la sobriété. En effet, depuis quelque temps, le pays ne bruit que de la polémique suscitée par les révélations de Ousmane Sonko : une présumée «fraude fiscale» dont l’Assemblée nationale serait coupable.
Le cas échéant, le mal ne serait pas l’acte lui-même, mais la valeur symbolique du lieu de sa commission et le statut des auteurs (à col blanc) de ce forfait. Si ceux qui votent les lois sont les premiers à les violer, sans coup férir, littéralement, c’est le monde qui s’effondre. Sans appel. De plus, au plan purement médiatique, la polémique ainsi engendrée, loin d’être un signe de vitalité de notre démocratie, révèle plutôt le degré de dégénérescence de nos institutions et le fonctionnement inégal de ce que l’on nomme Etat de droit dans notre pays.
Car si la culpabilité de l’Assemblée nationale était établie, les structures étatiques chargées de prévenir et sanctionner de tels actes n’auraient certainement pas été exemptes de reproche. Par ailleurs, tout ce déploiement médiatique ne vise qu’à nous convaincre que tout ceci n’est qu’un effet sans cause, un acte sans auteur ni responsable : simple jeu politique. En vérité, si Ousmane Sonko est caricaturé comme un enfant gâté de la République à l’imagination fertile, il n’en est pas moins haut fonctionnaire de la même République, spécialiste de la fiscalité, Inspecteur des Impôts, et citoyen engagé en politique. Et toujours soumis aux lois de la République. S’il est dans l’imaginaire, il faut le ramener au réel.
S’il est dans le jeu (purement politique), il faut lui représenter le sérieux et la gravité qui entourent les choses de la République. Et, le cas échéant, s’il a commis une faute, il faut lui appliquer la loi, que nul n’est censé ignorer, y compris ceux qui en votent les textes. Mais loin de tout ceci, on l’insulte, demande sa radiation pure et simple, l’accuse d’être de connivence avec des forces occultes et hostiles à notre pays… L’on va même jusqu’à proposer l’interdiction de toute activité politique aux fonctionnaires de la haute administration.
Pour que la politique reste un jeu de hors-la-loi ? C’est dans le contexte de cette cinglante leçon d’intolérance que le Président appelle au dialogue, demande aux enseignants de sauver l’année scolaire, en leur servant des réquisitions et les menaçant de couper leurs salaires… Dans tous les cas, le Président a appelé, tous ont entendu : ceux qui ont répondu, comme ceux qui se sont bouché les oreilles. Car dans l’absolu, tout appel est l’expression d’une volonté de rapprochement. Désormais, c’est au peuple de lancer son appel.
Comme toujours. Afin qu’à la fin des fins, les politiciens cessent de ne le considérer que comme la caution légitime de leur ascension, au rythme des élections. De l’appel au peuple à l’appel du peuple, il y a un chantier inépuisable, que le Président et tous ceux qui se mêlent de nous gouverner ont le devoir impérieux d’explorer en permanence.
7 Commentaires
Anonyme
En Mai, 2016 (13:13 PM)Autoamnystie Des Neomilliardai
En Mai, 2016 (13:13 PM)Alternoce: D'apres Le FMI plus de 2500 milliards entre 2000 et 2008
Et
De 2009 a Ce jour pres de 3500 milliards puisque les memes methodes corruptive et les memes derives de Wade n'ont ete qu'exacerbees avec l'Apernoce de Macky:
Que l'appeliez gres a gres - infrastructures surfacturees - indemnites et privileges disproportiones lies a de prete dis hautes fonction ( plus hautes Que celle du president des USA 8 milliards dans Le can su president patrimoine declare avant les fonds politques )
APERNOCE et Alternoce Se sont reunis pour Se pardonner mutuellement. - Comme Si c'etait eux les victimes de c'est exactions sur les ressources publiques. - La victime n'est plus Le peuple. - Mais les voleurs de l'argent du peuple.
Racontee avec une ironnie macabre. - voila Ce qui s'est passe au Palais de la republique loin du peuple entre criminels economiques a cols blancs
Honte a vous
Maintenant que vous avez legitime les milliards voles ( enfouis dans vos domiciles ou secretement gardes hors du pays. - Sinon converti en proprietes immobilieres ). Vous pouvez dormir tranquille.
Seuls aux Africains des leaders politque/ gouvernementaux peuvent abuser de la sorte.
Dieu veille sur les Senegalais et les protege contre leur leadership.
Diaspora
Anonyme
En Mai, 2016 (13:17 PM)Vrai
En Mai, 2016 (13:40 PM)Anonyme Moussa Diaspora
En Mai, 2016 (14:42 PM)Anonyme
En Mai, 2016 (16:25 PM)Lyon
En Mai, 2016 (20:16 PM)Participer à la Discussion