
« À tous les élèves du Sénégal qui passent le baccalauréat aujourd’hui, je vous souhaite bonne chance ! Soyez confiants, persévérants et donnez le meilleur de vous-mêmes. Le futur de notre nation repose entre vos mains ». Ce mardi, peu avant le démarrage du baccalauréat général, le Président Bassirou Diomaye Faye qui, visiblement, garde encore les souvenirs de ces épreuves fatidiques, a lancé un message fort aux potaches en quête de leur premier diplôme universitaire. Mais quelques heures plus tard, une soixantaine d’entre eux sont exclus au centre du nouveau lycée de Kaolack, non pas pour flagrant délit de tricherie, mais pour avoir amené leurs téléphones éteints dans la salle. L’avenir de ces jeunes, et peut-être de leurs familles respectives est en jeu.
Cette affaire, au-delà de la vague d’émotions qu’elle a suscitées, est le reflet d’une société malade.
Le président du jury, aussi stressé que les candidats, évoque les textes qui semblent, pourtant, lui donner raison. A l’en croire, ces élèves incriminés sont venus au centre avec des téléphones et lorsqu’ils les ont vus dans les salles et dans les sacs, ils les ont récupérés, avant d’appliquer la mesure, c'est-à-dire les exclure du centre. Mieux, M. Ndiaye précise que sur leurs convocations et les communiqués du ministère et du directeur de l’Office du Bac, il est précisé que le téléphone portable est interdit dans les centres, même s’il est éteint. « On a juste appliqué la mesure. Les candidats exclus sont au nombre de 64. Ils vont voir avec la commission disciplinaire de l’Office du Bac », s’est-il défendu.
Se pose alors la pertinence des mesures des autorités éducatives. Visiblement angoissées par les multiples cas de triche enregistrés à chaque édition, elles ont voulu corser la mesure pour endiguer la vague avec les bras. Mais en réalité, le problème est plus profond ; la tricherie a fini par atteindre tous les segments de la société avec des Sénégalais partisans du moindre effort et de la facilité.
La tricherie est devenue, aujourd’hui, une pratique industrielle banalisée. Au-delà des élèves, c’est toute la société qui a validé et légitimé la tricherie. Chaque édition du bac se distingue avec des épisodes spectaculaires. « Team Pékesse », du nom de ce groupe WhatsApp créé par une vingtaine de candidats libres à l’examen du baccalauréat 2021 pour pouvoir tricher. Ils ont quitté Dakar pour rallier cette contrée du Cayor à la recherche du premier diplôme de l’enseignement supérieur. À leur manière !
L’on se souvient également du cas Khadim Mboup, cet étudiant qui a osé remplacer son amie, -qui l'attendait tranquillement dans une auberge-, lors des épreuves du baccalauréat, avant d’être arrêté et condamné à un mois de prison, dont sept jours de prison ferme. Mais diantre, comment, dans une société comme la nôtre, un homme peut-il accepter de s’habiller comme une demoiselle avec un soutien-gorge, une perruque, une robe et je ne sais quoi encore pour se présenter dans un centre d’examen sous le seul prétexte que c’est l’amour qui l’a poussé à se comporter ainsi ? J’avoue qu’il y a de quoi être interloqué.
Les tenants du nouveau régime, théoriciens du « Jub Jubal Jubanti », ont du pain sur la planche. Le Sénégal, disons-le, est en train de vivre une transition qui lui fait prendre, non pas le meilleur chemin, mais celui de toutes les turpitudes. Plus grave, les autorités sont fragilisées par la société elle-même à travers le « masla», l’indulgence et l’hypocrisie. Aujourd’hui, la tromperie dans notre pays a atteint un niveau tel que l’économie a fini de prendre un sacré coup et nous placer dernier au rang des nations aspirant à l’émergence. Enseignants, sociologues, psychologues bref, tous sont unanimes : c’est le pays de la Teranga lui-même qu’il faut réinventer avec un nouveau type d’école arrimé à nos valeurs sociales et culturelles.
2 Commentaires
Le Dimb
En Juillet, 2024 (12:29 PM)Comment peut-on permettre que des élèves sans extrait de naissance puissent être admis dans une classe pendant des mois voire des années ?
La scolarisation est un droit et non une obligation
Faut que l'administration scolaire arrête de promouvoir la fraude sur l'âge, qu'ils n'ait plus d'enseignants ou directeurs d'établissement fraudeurs
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