Assez souvent dans la jungle politique, qui cherche le meilleur peut trouver le pire. En accédant au pouvoir en 2000, après 26 ans de déboires dans l’opposition, et en le quittant en 2012, après 12 ans de toute puissance, Me Wade aura implacablement éprouvé cette terrible vérité : envers et endroit de la réalité politique en Afrique. En effet, une fois au pouvoir, porté et emporté par ses pouvoirs de Président, il a cru pouvoir transformer la République en monarchie de droit divin où les pouvoirs du souverain n’ont de limites que celles de ses envies de pouvoir.
C’est dans cette logique qu’il a fait de Karim la crème de notre société, sorte de Prométhée à qui de toute éternité, était promis le feu solaire de la toute-puissance que confère le pouvoir politique en Afrique. Mais, comme Icare, d’avoir été si brutalement submergé de pouvoirs, ceux-ci l’auront si près rapproché du soleil qu’il s’en est si vivement brûlé les ailes, que par transitivité, tous ses proches en sont aujourd’hui encore littéralement embrasés. En l’occurrence, acquis sans être conquis, le pouvoir a été pour Karim la source de tous les déboires.
Comme ces sortes de trajectoires à la fois grandioses et misérables dont parle Victor Hugo : «Si quelque chose est effroyable, s’il existe une réalité qui dépasse le rêve, c’est ceci : vivre, voir le soleil, être en pleine possession de la force virile, avoir la santé et la joie, courir vers une gloire qu’on a devant soi, éblouissante, se sentir dans la poitrine un poumon qui respire, un cœur qui bat, une volonté qui raisonne (…), espérer, aimer, avoir une mère, avoir une femme, avoir des enfants, avoir la lumière, et tout à coup, le temps d’un cri, s’effondrer dans un abîme (…) ne pouvoir plus se retenir à rien (…) et se dire : tout à l’heure, j’étais vivant.» Car en vérité, la prison est une forme de mort sociale. Mais en même temps, le pire peut y déboucher sur le meilleur. Pour le cas précis de Karim Wade, ce lieu de confinement est en train de devenir un espace d’ouverture et d’élévation, qui lui donne accès à des réalités et à une sorte de plénitude existentielle dont il ne soupçonnait même pas la possibilité. À quelque chose malheur est bon.
De ce point de vue, le feu du pouvoir auquel son père l’a si malencontreusement exposé, n’aura pas fait que le brûler et consumer. Du fond de sa cellule, il lui éclaire la voie et donne désormais à voir plus clair sur les choses et les êtres. Car tout feu se vêt de lumière. De sorte qu’au plan purement humain, il se découvre et nous fait découvrir une constance dans l’épreuve, une forme de dignité stoïque que le pouvoir actuel ne lui soupçonnait certainement pas. En effet, à défaut d’asseoir de façon irréfutable sa culpabilité, l’on aurait certainement été fort aise de le voir faiblir et chercher à se tirer d’affaire, y compris par des compromis aussi compromettants que le Protocole de Rebeuss.
La vérité est que dans cette affaire, sauf quelques alertes sous forme de communiqués, de points de presse et autres débats purement partisans, aucune preuve consistante et irréfutable n’a jusque-là été servie pour justifier sa détention. Si bien qu’en définitive, la défaite de son père de Président aura été sa victoire sur lui-même et sur les vicissitudes de la vie politique, la précarité du pouvoir. Entre deux Présidents de la même République : l’un a voulu lui tailler un destin présidentiel, en violant la Constitution.
L’autre est en train de susciter en lui une véritable vocation…présidentielle. Sur le terrain politique, le martyre de la prison produit souvent des martyrs dont les plaies se cicatrisent au palais. Pourtant, les rapports d’audits qui sont à l’origine des déboires actuels de Karim Wade ont été commandités par son propre père. Mais depuis lors, depuis l’inqualifiable limogeage de son ex-président, la Crei est devenue si aphone que le bruissement de son silence couvre d’un voile épais tous les autres dossiers, surtout de ceux qui ont eu l’ingénieuse idée de renier leur proximité avec Karim, ou de se rapprocher de l’actuel locataire du palais, après avoir tout fait pour qu’il n’y accède point.
C’est que de plus en plus au Sénégal, les dossiers judiciaires, surtout les déviances de ceux qui sont censés nous guider, ne sont plus traités que comme de simples objets de communication. Irréductiblement partagés entre deux catégories : D’une part, des spécialistes uniquement préoccupés d’étaler leur science, et qui ne parlent que pour être entendus d’eux-mêmes.
D’autre part, des politiciens programmés pour ramener tout à la politique, et qui ne conçoivent la politique que comme un devoir de traîner ses adversaires dans la boue ; tresser des lauriers à ses «frères» de parti. C’est pour cette raison que l’affaire Aïda Mbodj, banale en soi, est si suspecte, si préoccupante. En l’occurrence, c’est moins le cumul que ses conditions de possibilité et le temps qu’on a mis (plus d’un an) pour s’en apercevoir et y mettre un terme, qui interpellent.
Au demeurant, ce cumul-là procède d’un autre, plus préoccupant : celui d’être chef de l’État et de son parti. Cela donne trop de pouvoirs, crée trop de confusions, autorise toutes sortes d’abus. Qui, si l’on n’y prend garde, l’après-pouvoir expose certains de nos dirigeants à des déboires. Comme ceux que Karim vit actuellement. Si bien que finalement, pour la plupart de nos gouvernants, du pouvoir aux déboires, il n’y a qu’un pas…
Galasse, [email protected]
19 Commentaires
Anonyme
En Mai, 2016 (09:28 AM)Watt
En Mai, 2016 (10:00 AM)Anonyme
En Mai, 2016 (10:54 AM)Anonyme
En Mai, 2016 (11:27 AM)Macky Sall a toujours été clair sur la présidence de son parti. Ce n'est pas maintenant que les choses vont changer.
En plus, vous n'avez plus rien à dire.
Deug naniou sen ndeey yen nieup.
Continuez de raconter vos vies de misérables et les régimes vont passer et vous allez veillir la haine dans le coeur.
Anonyme
En Mai, 2016 (11:30 AM)Anonyme
En Mai, 2016 (12:09 PM)Anonymemma
En Mai, 2016 (13:54 PM)Anonyme
En Mai, 2016 (13:57 PM)L'auteur de ce faux article est vraiment FOU en écrivant ces lignes mais il ne perd rien pour attendre....
Monsieur Karim Meissa Wade, vous êtes un soldat et soyez-en conscient, ce peuple a besoin de vous soyez-en sûr et vos détracteurs sont en mal d’idées et soyez-en convaincu dès lors nous t’attendrons le temps nécessaire, nous t’accompagnerons dans la forêt et la montagne, quand il fera froid ou chaud afin que vous sauviez ce Sénégal que Macky et ses mackyllons ont fini de replonger à l’état primitif.
Votre courage les désarme, votre silence les assassine…Et votre tête ? Ils en RÊVENT.
Dixit Honorable Saa kadior
Anonyme
En Mai, 2016 (16:20 PM)Okf
En Mai, 2016 (20:05 PM)Okf
En Mai, 2016 (20:05 PM)Okf
En Mai, 2016 (20:05 PM)Okf
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En Mai, 2016 (20:05 PM)Okf
En Mai, 2016 (20:05 PM)Okf
En Mai, 2016 (20:05 PM)Participer à la Discussion