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Chronique

Crue du fleuve Sénégal par Aliou Ndiaye

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Crue du fleuve Sénégal par Aliou Ndiaye
Nous devons apprendre à nous méfier des dates célèbres. L'événement peut être pour un peuple un somnifère puissant. Une drogue qui dure. Le 23 juin dernier, le Sénégal a vécu dans l'euphorie. Mobilisées et rassemblées autour des idéaux constitutionnels, des générations ont passé ensemble un rituel purificateur. Un baptême du feu par le feu. En quête de liberté, de démocratie et d'égard, le pays réel a posé des actes concrets et forts. Cette déferlante verte, jaune et rouge a tout noyé sur son passage. La crue du fleuve Sénégal a été forte et paradoxale, rapide et éphémère. Le cours d'eau de la colère est retourné dans son lit au crépuscule de cette journée de débordements mémorables. Il a laissé du limon et un sol fertile à l'ensemencement. Toutes les variétés de l'espoir et du progrès pourront désormais germer. Le champ de bataille du 23 juin 2011 est le chant de l'honneur, de l'histoire et de la fierté nationale. Mais, attention ! Une simple date n'est pas forcément un épouvantail pour les mange-milliards bleus de la prairie libérale. Le peuple a semé le vent de la révolte. Mais quid de la récolte ?
 
En mars 2009, le peuple avait déposé au fin fond des urnes un message politique sans équivoque. Pour les élections locales, les Sénégalais s'étaient mobilisés pour manifester leur opposition au projet de dévolution dynastique du pouvoir. Karim Wade, candidat embusqué à la mairie de Dakar avait été renvoyé à Paris. Au point E, dans son propre bureau de vote, Wade-fils s'était fait copieusement tabassé par un anonyme jeune premier. Dakar est tombé dans l'escarcelle de l'opposition depuis. A l'intérieur du Parti démocratique sénégalais comme à l'extérieur, beaucoup avait pris ce mal pour un bien. Abdoulaye Wade lui-même, avait juré avoir entendu le message du peuple. Mais le lendemain, le chef de l'Etat a posé des actes aux antipodes de ce vote d'avertissement. Karim ne pouvait pas entrer par la grande porte de la ville de Dakar. Il va passer par la fenêtre d'un méga ministère. A l'Energie comme aux Infrastructures, le “plus compétent des Sénégalais” piétine depuis. C'est pour forcer la main du destin que son père a pratiqué le trou de serrure du ticket et de la vice-présidence. Wade est d'une étonnante surdité sélective. Malgré son talent auditif proclamé, le Président n'entend que ce qu'il veut bien entendre.
 
Après le non massif et violent du peuple sénégalais à la stratégie du ticket d'entrée, la tentation est grande de vouloir faire passer Karim Wade par une autre voie. L'obstination du Président a quelque chose de vaguement fatal. On a l'impression que son projet de succession dynastique est une question de vie ou de… morts. Malgré son âge crépusculaire et son parcours plutôt élogieux, malgré l'avertissement récent envoyé par le peuple du Sénégal, le président de la République ira au bout de sa logique. L'avenir de son fils est une  hantise pour lui. Jusqu'au bout, ce sera une quasi-malédiction pour notre pays. Car au nom de ce souci premier, Wade-père devrait maintenir sa candidature à la présidentielle de 2012. L'opposition, la société civile et des segments importants du peuple en ont fait une question de principe. La Constitution ne lui permet pas de se présenter. Il ne doit pas briguer un 3emandat. Dans son propre camp, des voix comme celles du député El Hadji Malick Guèye se sont élevées pour s'en démarquer. Même le chanteur Youssou Ndour, connu pour sa circonspection, a été sans nuances. Wade doit désormais rester à équidistance des sphères partisanes. C'est la seule manière pour lui de s'aménager une porte de sortie honorable. La seule garantie républicaine de stabilité pour notre pays.
 
Au-delà, le peuple devra rester sur ses gardes. Les pêcheurs en eau trouble, les charlatans et les diseurs de bonnes aventures sont de sortie. Nous devons ouvrir les yeux et faire preuve de discernement. Au Pds, tout n'est pas mauvais. Dans l'opposition, tout n'est pas bon. Au révélateur de la violence, des masques sont tombés. De bruyants souteneurs de Abdoulaye Wade ont vite fait de voir dans cette montée des eaux du fleuve Sénégal  un véritable naufrage. C'est bien pour la démocratie et les libéraux authentiques de voir les rats quitter le navire. En voulant se sauver, ils vont sombrer les premiers.


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