« Ma maîtresse, c’est le pouvoir. J’ai trop fait pour sa conquête,
pour me la laisser ravir, ou souffrir même qu’on la convoite.
Quoiqu’on dise que le pouvoir m’est venu comme de lui-même,
je sais ce qu’il m’a coûté de peines, de veilles, de combinaisons »
Napoléon 1er
Nos opposants « républicains » larmoient, à l’idée de voir disparaître ce qu’ils appellent, dans le jargon inusité de la politique politicienne, le quart bloquant. La disposition exige la participation d’au moins un quart de l’électorat, pour valider une élection au premier tour. Mais ils n’ont encore rien vu. Dans la panoplie des « grands projets » du président de
On ne peut pas en vouloir entièrement au président de
Les tenants de l’ancien régime nous ont causé un grand tort, en théorisant, pendant une période où Wade bénéficiait d’une certaine grâce, « l’opposition républicaine ». On sait maintenant ce que ce concept alambiqué veut dire. Qu’une mesure, même injuste, est légale, à partir du moment où elle est votée par l’Assemblée nationale. Dire, quand Wade veut reporter les élections, que les conditions ne sont pas réunies, et qu’il faudrait discuter de leur report. Tout ça sorti de la bouche d’Ousmane Tanor Dieng. La seule fois où le Premier secrétaire du Parti socialiste a déplu un tant soi peu à Wade, on lui a fait lire un texte qui sentait les laves coulées d’Amath Dansokho. Le président s’est emporté, en lui disant : « Ousmane Tanor Dieng, comment oses-tu me parler comme ça ? » Tout le monde n’avait pas compris, mais les deux hommes si. Il a sans doute été un grand serviteur de Diouf, Ousmane Tanor Dieng. Mais son concept d’opposition « républicaine », que le traumatisme socialiste d’après 19 mars pouvait excuser, a causé beaucoup de tort aux sénégalais. C’est d’ailleurs un alibi de trouillard. Il n’existe pas d’opposition en dehors de
Malheureusement, dans notre cher Sénégal, nous avons souvent confondu les hommes d’Etat, ceux qui n’existent que pour l’Etat, et les hommes de l’Etat, ceux qui n’existent que par l’Etat. Les premiers servent, les seconds se servent. Nous avons laissé des gens qui n’existent que par les privilèges et les honneurs dus à leur rang, cacher leurs manœuvres obscures sous le douillet manteau « d’homme d’Etat ». La question de la suppression du quart bloquant, et même l’augmentation du nombre de députés risque d’être plus difficile pour eux, parce que la plupart de ceux qui crient aujourd’hui à l’imposture, avaient hier hoché ou baissé la tête, quand le Ps passait à l’acte. Wade se permet de tels écarts, parce qu’il peut toujours leur rétorquer : « vous n’avez rien à dire, vous avez tous trempé dans la sauce. »
Ca ne banalise pas le crime, au contraire. Surtout que, en 1998, l’actuel président avait, lui-même, mobilisé toute l’opposition, pour aller manifester à Paris contre ce qui était alors appelé l’amendement Ndiadiar Sène, qui levait le quart bloquant et la limite du mandat présidentiel. Djibo Kâ, qui défend aujourd’hui la mesure, s’était illustré par des explications sémiotiques, sur le sens du mot Ndiadiar en sérère. Le patron de l’Urd défend l’exact contraire de ce qu’il défendait hier.
Cette protestation était pourtant justifiée. Désormais, le personnel du palais de
L’expérience socialiste a pourtant montré que tous ces tripatouillages ne servent à rien. Diouf est quand même parti. Mais Wade a toujours une solution, même quand il n’y a pas de problème. Toutes ces décisions, les unes plus indéfendables que les autres, ont donné la senteur pestilentielle d’une fin de règne qui ne réjouit personne. Il n’est plus reçu ni à Washington ni à Paris, et pour s’assurer encore un certain prestige, il s’agrippe comme un désespéré aux médailles fabriquées dans des officines de Harlem. Nous sommes devenus, pour un Nigerian que personne ne connaissait avec ce 18 septembre, « le meilleur pays d’Afrique ». Et Abdoulaye Wade ose en sourire, malgré l’immigration clandestine, les délestages, les inondations, l’insécurité. Depuis qu’on connaît chez lui ce penchant pour les médailles, les propositions tombent de partout, les unes plus farfelues que les autres, et il ne se lasse jamais d’aller en chercher partout, pour « l’honneur du Sénégal ». L’étranger est devenu son échappatoire. C’est là qu’il se sent vraiment chez lui. Quand il est coincé sur le national, il ouvre une fenêtre vers l’international. Observez comment il raconte son accueil à son retour d’Allemagne, pendant que dans le pays, il n’était question que de l’immigration clandestine, et des délestages : « Comme vous le savez, en entrant en Allemagne, nous avons eu l’honneur d’être encadrés par des chasseurs. Deux chasseurs encadraient chaque côté de l’avion jusqu’à l’atterrissage. Et au moment où je devais prendre la voiture qui devait m’emmener à l’hôtel, les quatre chasseurs sont revenus, sont passés au-dessus de nous, en signe d’adieu ». Il y a chez ce vieil homme de 81 ans, un petit enfant qui dort.
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