
Au Sénégal, au vu des agissements des Wade, père, mère, fils
et fille, c’est d’extension du domaine de l’indécence qu’il faut
désormais parler. Ainsi, après une minutieuse enquête, qui devrait
être enseignée comme modèle au Cesti, nos confrères de Weekend ont
soulevé un gros lièvre qui, en réalité, est un secret de polichinelle
pour les initiés : l’acquisition par Karim Wade d’un jet privé.
Le
prince héritier ne se déplace plus qu’à bord de ce palace volant qui
coûterait 6,5 milliards Fcfa. Depuis la parution de cet article, le
ministre d’Etat à rallonge et fiston à piston garde le silence et son
bataillon de conseillers, si prompts à monter au créneau pour leur
patron, se terre, attendant ou espérant, as usual, que l’orage passe.
Pourtant, Karim Wade qui, récemment, à grand renfort de tambour
médiatique, donnait des leçons de bonne gouvernance, devrait pouvoir
répondre à des questions d’une simplicité biblique: avec quel moyen
s’est-il acheté un jet privé, moyen de déplacement habituel des
princes arabes régnant sur les monarchies pétrolières du Golfe et des
Crésus de la planète ? Si cet avion est un don au Gouvernement du
Sénégal, au nom de quoi Karim Wade, devrait être le seul ministre de
la République à bénéficier d’aller-retour au quatre coins de la
planète facturés à des centaines de millions de Francs Cfa payés rubis
sur l’ongle par le trésor public sénégalais ?
Le plus étonnant, après
les graves révélations de Weekend magazine, c’est le manque de
réaction de l’opposition sénégalaise qui, comme le reste de l’opinion
publique, semble avoir perdu sa capacité d’indignation, en rangeant
les pantalonnades aériennes de Wade fils au rayon des frasques
habituelles de la famille régnante. Bennoo, tout affairé à
discutailler du fichier électoral et autres roupies de sansonnet, ne
songe pas du tout, de manière incompréhensible, à demander, ne
serait-ce qu'à titre symbolique, l’ouverture d’une commission
d’enquête après les révélations de Weekend sur la folie des airs de
Wade junior.
Un autre écrivain, mais cette fois-ci un vrai, le
britannique George Orwell, l’auteur de l’inoubliable 1984, parlait
souvent de «Common decency», notion typiquement britannique qu’on
pourrait imparfaitement traduire par l’admirable concept de Kersa.
Autrement dit, le fait pour un homme vertueux, en toute circonstance,
d’avoir de la décence. Il faudrait, en wolof, traduire au plus vite à
Karim Wade, dont le père aime rappeler qu’il a fait ses humanités à
Londres, «Common decency».
Barka BA
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