Grâce ou amnistie ? Pour ou contre la libération de Karim Wade ? Retrouvailles libérales ou marché de dupes entre politiciens manipulateurs ? Telle est, sous forme d’impertinentes interrogations, l’insipide pièce de théâtre que nous sert aujourd’hui toute la classe politique, pouvoir comme opposition, et dont le metteur en scène est le Président Sall, porté par la frénésie de sa parodie de dialogue national. Rapportées à nos préoccupations vitales, à ce qui aurait dû préoccuper nos gouvernants s’ils étaient conscients des devoirs et servitudes attachés à leurs charges, ces interrogations sont de nature disjonctive et récréative.
En effet, la question de la libération de Karim Wade, telle qu’elle est formulée ces derniers jours, résonne comme un double abus que l’on nous prépare à préparer comme un phénomène naturel qui doit survenir de toute nécessité. Au demeurant, sa simple évocation constitue en soi un abus par nos gouvernants du pouvoir du peuple dont ils sont les délégataires provisoires. C’est également un abus de la confiance des citoyens, qui attendaient des autorités autre chose que cette dérobade que l’on prépare à accepter comme un geste de haute portée patriotique.
Or par leur comportement actuel, ceux qui sont censés nous guider se montrent égarés et révèlent leur nature véritable : de purs politiciens qui, au gré des circonstances et de leurs intérêts du moment, se séparent et se retrouvent, s’insultent et se tressent des lauriers… Pourtant dans cette affaire, il y a une constante : plusieurs milliards ont été indument acquis aux dépens de l’État et du contribuable, par des gens à qui leurs positions de pouvoir rendaient facilement accessibles les caisses de l’État.
Mais, suprême abus, autant de milliards ont été dépensés pour une « traque » qui se sera davantage déployée dans les voyages à travers le monde et la communication médiatique que sur le terrain d’une enquête sérieuse et efficiente. Si bien que finalement, autant en emporte le vent, serait-on tenté de dire. En effet, d’avoir arrêté et emprisonné Karim Wade, pour ensuite aller à la recherche des preuves de son « crime », nos autorités ont tout bonnement pris l’effet pour le fait.
Une telle démarche ne pouvait mener qu’à une impasse que même le dialogue national, échafaudé de toutes pièces dans ce sens, a bien du mal à débloquer. La traque des biens mal acquis semble ainsi donner plus de mal aux traqueurs qu’aux traqués. Depuis trois ans que Karim est en prison, et que le temps semble s’entasser et s’alourdir, la conscience de la durée se fait mauvaise conscience.
L’impasse judiciaire ainsi créée amène nos gouvernants à transférer cette affaire sur le terrain purement politique, pour lui trouver non pas une solution, mais une simple issue politique. C’est-à-dire une entente cordiale qui blanchisse l’accusé et sauve l’honneur des plaignants. Le peuple pour sa part, est de la sorte presque mis en demeure de n’avoir qu’une attitude sentimentale et affective : pour ou contre la libération, les retrouvailles, la grâce, l’amnistie….
Au cœur de ce dérèglement délibéré et généralisé de toute notre rationalité, la presse fonctionne comme une gigantesque agence publicitaire, qui nous impose des discours et des gesticulations de politiciens dont la force plastique de séduction agit sur nos consciences et nous fait admettre l’anormal comme normal. En effet, de façon progressive et insidieuse, on est en train d’installer l’idée que l’affaire Karim Wade n’est qu’une vaine banalité qui nous a déjà fait perdre trop de temps, et que l’essentiel aujourd’hui, c’est le retour au passé.
Pour qu’au présent, les choses se terminent exactement comme dans une comédie : avec l’intervention d’une sorte de Deus ex machina qui scelle la libération du prisonnier et favorise les retrouvailles de la famille libérale. À la fin des fins, la leçon de morale dans cette affaire est semblable à celle du chien d’Ésope : « Ce chien, voyant sa proie en l’eau représentée, la quitta pour l’image, et faillit se noyer. La rivière devint tout d’un coup agitée ; à grand-peine il regagna les bords, et n’eut ni l’ombre ni le corps. »
14 Commentaires
Anonyme
En Juin, 2016 (07:36 AM)Al Amine
En Juin, 2016 (07:40 AM)A présent, ils créent une autre affaire dans l' affaire pour s' en sortir...
(Je me suis inspiré d' un certain mr Charles Pasqua, pour mon point de vue)
Anonyme
En Juin, 2016 (07:44 AM)Anonyme
En Juin, 2016 (07:50 AM)Macky est la source de toute bordel au Sénégal. C´est lui qui as corrompu les institutions d´état du droit a son faveur.
@ Galass
En Juin, 2016 (07:52 AM)Loudoul deugue...dou yague......MOUKE.....il' lah...abadan...
On a voulu se servir de Karim Wade , pour se venger , camoufler ses propres
mefaits , operer une deviation , noyer le peuple dans des tentatives sales,
mesquines , deguelasses , en tripatouillant la justice senegalaise devenue ,
honnetement , bien evidemment injuste , et a l 'ecoute de l 'executif , au pouvoir !
On s 'est servit de l 'appareil de tous les senegalais epris de justice , et d 'equite ,
a des fins politico - judiciaires , tristement revanchardes helas !
Allah...soubhana hou wa ta' la ...ne Dort pas , Il.. Voit et Observe ...TOUT..!
WASSALAM...a vous tous au pays , et dans la diaspora ...humblement a vous !
De la part de.....Kocc Barma........
NB...Deffe lou bakhe...akk...diouppe...moyye defar . : .........un pays prospere ,
ou la serenite , la joie de vivre , les bonnes actions , la paix sociale , le succes ,
le developpement assidu, grandissant et constant , reigneront toujours !
Van Pamidon
En Juin, 2016 (07:57 AM)Karim Wade le Diogène sénégalais.
La sortie de prison de KW marquera à jamais l’histoire politique du Sénégal et les annales de l’administration pénitentiaire. Comment convaincre un détenu d’être libre, voilà la problématique.
Ni dialogue, ni coup de fil, n’auront persuadé Karim de sortir de prison. Camouflet. Puis comme Diogène, face au prince, il rajoute à tue-tête « je ne veux pas de grâce ». Une offense au chef de l’Etat dites-vous, non et non, mais le refus de la loi qui déshumanise.
Cet homme, qu'on le rejette, le calomnie ou le condamne, a choisi la grande solitude de la liberté totale. Un mythe st né.
Moi Van Pamidon
Anonyme
En Juin, 2016 (10:21 AM)Goré Ba Dé
En Juin, 2016 (11:11 AM)Rappelons nous tous les discours, débats ou déclarations rabâchés à longueur d'ondes, de faisceaux, de colonne et d'audiences qui ont aboutis à la condamnation de Karim Wade. Est-ce qu'aujourd'hui le Sénégal doit passer pour perte et profit toutes ces pratiques malsaines effectuées par des gens sensés "éclairer la lanterne de leurs compatriotes" ? Car aux résultats de leurs agissements, il est claire aujourd'hui qu'ils ont tous semer la brouille et la confusion et reste à savoir à quelle fin ? Il est temps de réprimer sévèrement le mensonge, la calomnie, la jalousie, en somme la méchanceté. FENE MEUNE NA ALAK AM REW... Il faut écarter tous ces hypocrites de l'appareil d'Etat si on veut avancer dans le bon sens...
Anonyme
En Juin, 2016 (11:52 AM)Anonyme
En Juin, 2016 (12:39 PM)Anonyme
En Juin, 2016 (12:41 PM)Anonyme J'ai Honte Pour Mon Pa
En Juin, 2016 (13:53 PM)Anonyme
En Juin, 2016 (16:44 PM)Un Passant
En Juin, 2016 (21:43 PM)Pourquoi perdre du temps sur ce dossier dans lequel la justice a deja tranche' et prononce' une sentence ?
Il crit sur tous les toits pour dire qu'il ne veut pas de grace ; alors laissons-le tranquille en respectant son choix. Les prisonniers sont nombreux et on ne parle jamais assez de leur sort alors qu'on se focalise sur celui de Karim bien traite' la ou il se trouve
Participer à la Discussion