Nos petits partis de
Non. Ces politiciens compulsifs ont le flair trop musqué, pour ne pas comprendre que c’est l’occasion ou jamais de laver les humiliations qui leur sont restées en travers du gosier. Pendant six ans, on les a pressé, pour les jeter comme de la pelure. On les a appelé à la rescousse, comme des réservistes indésirables, pour les démobiliser ensuite et les jeter dans les poubelles de l’histoire.
Ils ont attendu ce moment avec impatience, en sachant qu’en politique, c’est comme en météorologie. Le vent finit toujours par tourner. Désormais, ce sont eux qui ont la main. Le président de
Il faut dire qu’on ne peut pas reprocher à Wade de n’avoir rien fait du tout pour ces « pieds noirs » de l’alternance. En six ans, il leur a donné salaire mensuel et dotations de riz, pour eux et leurs familles, offert des terrains à Mbao, alors que certains d’entre eux n’ont jamais occupé un emploi de leur vie. Quand l’argent ou le riz a tardé à arriver, Der trouvait toujours la bonne raison : « le président m’a dit qu’il voulait nous donner une grande quantité de riz à vous distribuer, mais quelqu’un s’y est opposé. » Idrissa Seck évidemment !
Il leur en a donc donné, ces braves gens. Mais les hommes politiques ont la panse en entonnoir. Elle n’emplit jamais. Ca sera avec Idrissa Seck ou avec Abdoulaye Wade, mais ils ne se contenteront plus des discours lénifiants qui les ont maintenu jusqu’ici dans les liens du service commando. Ils ne seront pas des tirailleurs sans ambition à la merci de leur commandement, qui les enverra fusiller, pour ensuite les fusiller. C’est ce qu’ils ont fait savoir à Macky Sall, qui va à leur rencontre, en sachant qu’il va en mission suicide, et qu’il lui faudra éteindre le feu à tout prix. S’il échoue, il s’en ira avec eux.
Mais pour que Wade agisse avec une telle diligence, il faut qu’il soit acquis à l’idée que des élections sont désormais incontournables, et qu’il se mettrait à dos toute la communauté internationale, s’il essayait de refuser la confrontation. Les américains, comme pour couper court à toute idée de report, ont déjà financé un certain nombre d’organismes impliqués dans le processus électoral, surtout pour ce qui concerne la surveillance. C’est ce qui explique le nouveau virage pris par les stratèges du palais de
Ils ne sont plus nombreux. Pape Samba Mboup, le « colonel Alfred », a été le premier à s’en distinguer, et même à réclamer une certaine « parenté » avec Idrissa Seck, quitte à être accusé de s’être trahi. Maintenant, c’est Souleymane Ndéné Ndiaye qui embouche la même trompette, pour appeler au rassemblement de toutes les forces. Les radicaux sont fatigués de leur radicalisme. En trois ans de pratique, il s’est montré infructueux, et n’a fait qu’opposer les libéraux, les uns aux autres, en cisaillant le petit banc qui maintient le président de
Appelé un peu en gentleman sauveur, Macky Sall a pris son fusil d’épaule pour tirer à bout portant sur ceux qui pèsent plus lourd que lui, et qui lui rappellent tout le temps son passé d’Andjefiste communiste : Pape Diop, Aminata Tall, Modou Diagne Fada. Même le fils du président de
Il a arrêté, parce que Wade lui a dit si tu continues comme ça, tu vas vider le parti. Même le vieux Aly Kébé, qu’on ne peut quand même pas soupçonner de « seckisme », est passé à la moulinette.
Ils reprochent aujourd’hui à Macky d’avoir été ce qu’il est, un soutier obéissant. Ce sont eux qui le réclament sur la croix, après l’avoir adulé comme un messie.
Ce n’est pas tout. Depuis six mois, les simulations, sondages, calculs des stratèges, même les plus optimistes, donnent à Wade, au mieux, un second tour à la présidentielle. C’est ce qui rend tout le monde subitement « utile ».
Tout le monde, même les « comploteurs » d’hier. Maître Abdoulaye Wade a donné la consigne claire que, dans tous les cas, dans un second tour, qui paraît inévitable, « toutes les voix » sont utiles, « même celles d’Idrissa Seck ». Evidemment, sauf à vouloir signer sa propre mort, on ne voit pas comment l’ancien Premier ministre, avec tout le discours sur le désespoir des sénégalais, leur malheur, et la moralité embouteillée du président de
Mais Wade a cette aptitude essentielle en politique, celle de changer d’avis quand il le veut. Son discours est maintenant au cessez-le-feu unilatéral. Il ne veut pas causer trop de blessures à un ennemi qu’il pourrait appeler demain à son secours. « Non, ne tirez plus. De toutes les façons, ça ne sert à rien ». Il a du kevlar sous le manteau. Ca ne rentre pas. C’est le nouveau discours en vogue.
Il y a deux ans, Farba Senghor a mené, avec la bénédiction du président de
Des camions de détritus ont été déversés par des jeunes que le ministre de l’Agriculture avouait fièrement avoir envoyé « en mission ». Quelques mois après l’avoir embastillé, et traité de tous les noms du diable, le bonhomme serait redevenu « fréquentable ».
Wade a le syndrome d’Arafat. Il effectuait le grand pèlerinage, au cours d’un voyage à
Réponse de Wade : « Qui sait, peut être qu’un jour on aura besoin de lui ».
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