Karim Wade pompe l'air et vicie l'atmosphère. Par sa présence massive, contreproductive et vindicative, le fils du président de la République étouffe le pays. Le ministre des Tas confond stratégie et stratagème, bravoure et bravade, matador et matamore. Capitaine Fracasse jacasse, jase, moufte et déblatère. Une fois encore, notre histrion joue les intermittents du mauvais spectacle. Dans la peau de son personnage favori, il se démonte sur scène. Diffamé, calomnié et traîné dans la boue par Wikileaks. Rien que ça ! Ce sera son combat ultime contre les moulins à vents. Bourgi, le journal Le Quotidien, Mme Bernicat et Sogué Diarisso vont devoir répondre de leurs actes. Oser traiter le plus talentueux des Sénégalais de simple porteur de valises ? Ces effrontés vont voir ce qu'ils vont prendre. La justice est son bras armé. Son seul recours depuis des années. Par la menace, Wade-fils pense pouvoir couper l'aile aux oiseaux dans les cieux. Mais, tout de même ! Le journaliste Soro Diop du Quotidien a bien raison. On peut bien avoir des divergences avec Samba Peulh ou Coumba Peulh. Mais est-il concevable, interroge le proverbe Pulaar, d'avoir des problèmes avec tout un village peulh ?
La monétarisation de l'honneur prend, avec Karim Wade, des proportions inédites. Son honneur estimé à plusieurs milliards de FCfa fait l'objet d'enchères régulières dans les cours et tribunaux du monde. Il est allé jusqu'au Canada chercher l'avoir. Dans un cas comme dans un autre, le fils du président de la République s'estime diffamé, calomnié et atteint dans sa grande honorabilité. Le nombre de plaintes déposées contre les journaux et les journalistes devient symptomatique. Il révèle une peur et une conscience troublée. Les esprits tranquilles ne s'agitent jamais à la moindre peccadille. Cette frénésie trahit un manque de courage, un déficit de fonds et de tréfonds. Le ministre d'Etat commet l'erreur de toujours insulter l'intelligence et la culture des Sénégalais. Le tribunal peut dire le droit sans dire la vérité. L'inquisition est la preuve la plus évidente de cette grosse méprise. Quand Galilée de Galileo prétendit que la terre tournait, il fut convoqué illico par la Cour. Deux choix s'offrirent à lui : se dédire ou se laisser détruire. Il choisit de sauver sa peau. Et pourtant, elle tourne.
Dans l'affaire des mallettes déposées à l'Elysée, Wade-fils et certains responsables français cités dans le scandale jouent les vierges effarouchées. Coupables ou innocents, ils veulent transférer le débat sur un terrain judiciaire. Ils sont sûrs d'être à leurs avantages. Ce sera la parole de Robert Bourgi contre la leur. Jaffar de son nom musulman peut avoir un esprit très fertile, mais le détail de ses descriptions crédibilise ses narrations. Des chefs d'Etat africains ont bel et bien financé les campagnes électorales en France. La sortie de Bourgi peut bien évidemment avoir des soubassements domestiques. Le livre de Péan sur les mallettes de Sarkozy risque de faire l'effet d'une bombe, mais le Président français est assez subtil pour ne pas allumer ce genre de contre-feu. Bourgi peut bien avoir agi pour sauver sa peau dans le contexte d'une alternance quasi inéluctable à l'Elysée. Mais le natif de Dakar a rendu deux grands services à son pays de naissance. Il avait d'abord révélé la demande d'intervention de l'Armée française lors des émeutes de l'électricité par Wade-fils. Il nous revient avec cet épisode croustillant du polar politique de l'année. Comme dans «Men in Black», on voit KMW arriver à l'Elysée en pressant le pas. Lunettes de soleil, veste déboutonnée, une mallette à la main. Selon Bourgi, Meïssa avait rendez-vous avec Mamadou, le nom de code de Villepin.
Pour Karim, Bourgi ne fait qu'affubler. Pour ce coup-ci, on veut bien le croire. Il devrait cependant commencer par rendre sa démission. Ce serait le meilleur moyen de donner la preuve de sa bonne foi. A moins qu'il n'ait peur d'affronter la justice. Que voulez-vous ? Il n’y a pas de Karim parfait
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