
Le chef de l’Etat a traîné des pieds depuis le meurtre au sein du campus universitaire de Dakar de l’étudiant Bassirou Faye, tué le 14 août dernier. En effet près d’un moins après son retour d’un séjour à l’étranger, Macky Sall a reçu tour à tour les étudiants, les recteurs, les syndicalistes du Saes entre autres acteurs de l’université, en vue de désamorcer la crise qui secoue depuis plusieurs mois le temple du savoir.
Si un des points phares des revendications des étudiants portait sur le départ du campus des forces de police, la question avait toutefois été zappée par le chef de l’Etat dans son discours tenu à l’aéroport de Dakar, à son retour de Paris le 17 août dernier.
Recevant les étudiants samedi, Macky Sall a annoncé une série de mesures visant à « désamorcer la bombe », pour reprendre un quotidien de la place. Il s’agit notamment du paiement des bourses avant le 5 de chaque mois, de la prise en charge par l’Etat de tout étudiant blessé lors des derniers affrontements, du remboursement du matériel étudiant dégradé (ordinateurs, télévisions et autres) lors des interventions policières.
Une petite avancée à saluer dans le chapelet des revendications formulées par les étudiants, dont certains, dans leur radicalisme, persistent à demander les départs de Mary Teuw Niane et d’Abdoulaye Daouda Diallo, respectivement ministres de l’Enseignement supérieur et de l’Intérieur.
Il faut noter que c’est maintenant seulement que Macky Sall vient d’accéder à la demande des étudiants et du Saes d’évacuer du campus les forces de police. Une mesure qui, prise en pleine crise, aurait sans doute permis aux parties adverses de gagner du temps dans les négociations, d’épargner l’université d’une radicalisation inopportune des revendications étudiantes.
Les «bourses seront désormais versées avant le 5 de chaque mois et elles seront disponibles désormais au niveau de toutes les structures bancaires ou financières, au lieu d’une seule banque», a promis le chef de l’Etat. Tiendra-t-il parole ? Si les promesses n’engagent que ceux qui y croient, on peut tout de même s’accorder sur le fait que depuis des lustres, étudiants et policiers usent et abusent chacun de la violence souvent fatale aux premiers, pour une seule cause : les bourses ou allocations d’études.
Est-il nécessaire de rappeler, à ce propos, que l’Etat du Sénégal, sous Macky Sall, a décidé de se plier aux exigences du Fmi et de la Banque mondiale à réduire considérablement le nombre de boursiers sénégalais, ce qu'ignoreraient bon nombre d'étudiants.
Il est donc du ressort du gouvernement du Sénégal de dire aux étudiants toute la vérité sur les bourses, afin d’éviter que certains étudiants se considèrent comme ayants-droit, alors qu’exclus d’office selon les nouveaux critères en vigueur.
Et ce n’est pas une fermeture précipitée du campus qui évacuera la question une bonne fois. Bientôt la rentrée et la question des bourses, comme le naturel, reviendra au galop.
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